mercredi, juin 26

Les États-Unis enquêtent sur les risques autour de China Telecom et China Mobile

L’administration Biden est actuellement en train d’enquêter sur China Mobile, China Telecom et China Unicom, craignant que ces entreprises chinoises puissent exploiter l’accès aux données américaines via leurs activités cloud et Internet en les fournissant à Pékin, selon l’agence de de presse, Reuters, qui cite trois sources proches du dossier.

Les autorités du ministère du Commerce mènent une enquête qui n’a pas encore été révélé, mais elles ont assigné à comparaître les entreprises soutenues par la Chine et ont réalisé des « analyses basées sur les risques » de China Mobile.

China Mobile, China Telecom et China Unicom sont encore présents aux États-Unis, en fournissant par exemple, des services cloud et en acheminant le trafic Internet américain. Ces deux exemples montrent selon l’administration américaine que ces entreprises ont accès aux données des Américains, alors que les régulateurs des télécommunications leur ont interdit de fournir des services téléphoniques et Internet de détail aux États-Unis.

Les entreprises chinoises et leurs avocats basés aux États-Unis n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’agence de presse, Reuters. Idem pour le ministère de la Justice et la Maison Blanche qui a renvoyé les questions au ministère du Commerce.

L’ambassade de Chine à Washington a déclaré qu’elle espérait que les États-Unis « cesseraient de réprimer les entreprises chinoises sous de faux prétextes », ajoutant que la Chine continuerait à défendre les droits et les intérêts des entreprises chinoises.

Reuters a précisé qu’elle n’a trouvé aucune preuve que les entreprises aient intentionnellement fourni des données américaines sensibles au gouvernement chinois ou commis tout autre type d’acte répréhensible.

Cette enquête est la dernière tentative de Washington d’empêcher Pékin d’exploiter l’accès des entreprises chinoises aux données américaines, et pouvant ainsi nuire aux entreprises, aux Américains ou à la sécurité nationale, dans le cadre d’une guerre technologique qui s’intensifie entre les rivaux géopolitiques. Cela montre que l’administration Biden tente de fermer toutes les voies restantes permettant aux entreprises chinoises déjà ciblées par Washington d’obtenir des données américaines.

Aucune décision n’a été prise pour le moment par les régulateurs américains sur la manière de faire face à ce qu’ils qualifient de « menace potentielle ». Ayant le pouvoir d’enquêter sur les services Internet vendus aux États-Unis par des entreprises de pays « ennemis étrangers », les régulateurs pourraient bloquer les transactions leur permettant d’opérer dans des centres de données et d’acheminer les données vers les fournisseurs d’accès Internet, ont indiqué les sources à Reuters.

Le blocage de transactions clés pourrait freiner la capacité des entreprises chinoises à offrir des services cloud et Internet compétitifs orientés à des clients internationaux aux États-Unis. Cela pourrait alors paralyser leurs activités restantes aux États-Unis, ont déclaré des experts et des sources.

China Telecom, China Mobile et China Unicom dans la ligne de mire de Washington

China Telecom, China Mobile et China Unicom sont depuis longtemps dans le collimateur de Washington. La Commission fédérale des communications a rejeté la demande de China Mobile de fournir un service téléphonique en 2019 et a révoqué les licences de China Telecom et China Unicom pour faire de même en 2021 et 2022 respectivement.

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En avril, la Commission fédérale des communications a interdit aux entreprises de fournir des services à large bande. Un porte-parole de la commission a déclaré que l’agence restait fidèle à ses préoccupations.

L’un des facteurs dans la décision de la Commission fédérale des communications était un rapport de 2020 d’autres agences gouvernementales américaines qui recommandaient de révoquer la licence de China Telecom pour fournir un service téléphonique aux États-Unis. Il a cité au moins neuf cas dans lesquels China Telecom a détourné du trafic Internet via la Chine, l’exposant au risque d’être intercepté, manipulé ou empêché d’atteindre sa destination prévue.

China Telecom a précédemment nié les allégations du gouvernement et déclaré aux agences américaines que les problèmes de routage sont courants et surviennent sur tous les réseaux.

L’entreprise de télécommunications a cherché à annuler la décision de la Commission fédérale des communications, mais une cour d’appel américaine a rejeté les arguments de la société, soulignant que les agences américaines ont présenté « des preuves convaincantes que le gouvernement chinois pourrait utiliser les entreprises chinoises de technologie de l’information comme vecteurs d’espionnage et de sabotage ».

Les Etats-Unis s’attaquent au Cloud de China Mobile, China Telecom et China Unicom

La présence des entreprises de télécommunications chinoises s’étend profondément à l’intérieur de l’infrastructure Internet américaine, selon l’agence de presse, Reuters.

Selon son site Internet, China Telecom dispose de 8 points de présence (PoP) américains situés aux points d’échange Internet, permettant aux réseaux à grande échelle de se connecter les uns aux autres et de partager des informations de routage.

China Telecom n’a pas communiqué ses PoP basés aux États-Unis. Mais selon la Commission fédérale des communications, les PoP présentent « de sérieux risques en matière de sécurité nationale et d’application de la loi » lorsqu’ils sont exploités par des entreprises qui présentent un risque pour la sécurité nationale.

Dans les cas où les PoP de China Telecom résident dans des points d’échange Internet, la société « peut potentiellement accéder et/ou manipuler les données là où elles se trouvent sur le chemin préféré du trafic des clients américains », a déclaré la fédérale des communications en avril.

Les enquêteurs se penchent sur les offres cloud américaines des entreprises chinoises, et depuis 2020, les enquêtes concernent China Mobile, China Telecom et Alibaba. L’enquête a ensuite été élargie pour inclure les PoP et China Unicom, dont l’activité cloud était peu importante au moment de la saisine par la justice en 2020, ont ajouté deux personnes à Reuters. Alibaba n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Les régulateurs craignent que les entreprises puissent accéder aux informations personnelles et à la propriété intellectuelle stockées dans leurs cloud et les fournir au gouvernement chinois ou perturber l’accès des Américains à celles-ci, ont indiqué deux des sources.

Dans un communiqué le député républicain John Moolenaar, qui préside la commission spéciale de la Chambre des représentants sur la Chine, a indiqué que « les fournisseurs de cloud chinois posent un risque inacceptable pour la sécurité nationale et ne devraient pas être autorisés à opérer aux États-Unis ». Il a exhorté « l’administration à étendre son enquête pour inclure tous les fournisseurs de cloud (chinois) ».

Les responsables du ministère du Commerce sont particulièrement préoccupés par un centre de données appartenant en partie à China Mobile dans la Silicon Valley en Californie, selon l’une des sources. China Mobile n’a pas répondu aux demandes de commentaires sur le centre de données, et notamment les PoP.

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L’agence de presse Reuters a indiqué n’avoir pas pu déterminer la raison de l’intérêt spécifique du gouvernement américain pour le centre de données de China Mobile.

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