L’Union européenne a décidé d’imposer à titre conservatoire 38% de droits de douane supplémentaires sur les voitures électriques chinoises à partir du 5 juillet 2024, une décision qui « nuira aux deux parties », a déclaré Zheng Shanjie, chef de la Commission nationale du développement et de la réforme de Chine.
Le 4 juillet, l’UE a imposé à titre conservatoire jusqu’à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois. Une décision définitive sera rendue en novembre, a annoncé la Commission européenne.
L’UE accuse la Chine d’avoir illégalement subventionné ses constructeurs. Ces nouveaux droits de douane dits « compensateurs » s’ajoutent aux taxes de 10% déjà appliquées par l’Union européenne aux véhicules fabriqués dans les usines en Chine.
À l’issue d’une vaste enquête anti-subventions entamée en octobre 2023, Bruxelles avait annoncé ces nouveaux droits le 12 juin, tout en lançant des discussions avec Pékin pour tenter de résoudre les problèmes identifiés et de désamorcer les risques de guerre commerciale.
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L’exécutif européen a jusqu’à novembre pour décider d’imposer des droits définitifs, laissant la porte ouverte au dialogue avec la Chine. Ces droits définitifs seraient valables cinq ans.
L’UE suit les États-Unis
Bruxelles a prit une décision similaire à celle des États-Unis, qui avaient annoncé mi-mai une hausse des droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100%, contre 25% précédemment.
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Leader des moteurs essence et diesel, l’industrie automobile européenne craint que ses usines disparaissent si elle ne parvient pas à endiguer l’arrivée annoncée des modèles chinois qui ont une longueur d’avance dans l’électrique.
Les véhicules électriques venant de Chine représentent près de 22% du marché européen, contre près de 3% en 2021, selon les estimations du secteur. 8% des véhicules électriques vendus dans l’UE sont de marque chinoise.
Se basant sur son enquête, Bruxelles a estimé que le secteur des véhicules à batterie électrique en Chine « bénéficie de subventions déloyales, ce qui constitue une menace de préjudice économique pour les producteurs européens ».
Les échanges se poursuivent
« Les consultations avec le gouvernement chinois se sont intensifiées ces dernières semaines », avec notamment des échanges entre le commissaire européen Valdis Dombrovskis et le ministre chinois du Commerce Wang Wentao, explique par ailleurs la Commission dans un communiqué.
« Des contacts se poursuivent au niveau technique en vue de parvenir à une solution (…) qui réponde de manière adéquate aux préoccupations de l’UE », insiste-t-elle.
Bruxelles imposera des droits compensateurs de 17,4% au fabricant chinois BYD, de 19,9% à Geely et 37,6% à SAIC des montants différents selon les niveaux de subventions publiques perçues.
Par rapport aux niveaux annoncés le 12 juin, ces droits provisoires ont été légèrement abaissés, sur la base des observations soumises par les entreprises ciblées. Les autres constructeurs seront soumis à un droit supplémentaire moyen de 21% s’ils ont coopéré à l’enquête ou de 37,6% dans le cas contraire.
Division entre les Vingt-Sept
L’Allemagne, très engagée en Chine, avait lutté avec la Suède et la Hongrie pour éviter des sanctions dans ce dossier, craignant des représailles soulevée les inquiétudes des constructeurs automobiles allemands Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen qui réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales en Chine. La France et l’Espagne ont eux au contraire poussé pour des mesures proportionnées.
Ces droits « compensateurs » permettront de freiner les importations de véhicules électriques chinois sans les bloquer complètement, selon l’UE, qui affirme se conformer aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’UE espère ainsi protéger une filière qui emploie 14,6 millions de salariés dans l’UE tout en évitant un conflit avec son deuxième partenaire économique. Après l’annonce du 12 juin, Pékin avait immédiatement dénoncé « un comportement purement protectionniste » des Européens, menaçant de « prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes ».
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Ces échanges houleux ont lieu dans un contexte plus large de tensions commerciales entre les Occidentaux et la Chine, également accusée de détruire la concurrence dans plusieurs autres secteurs comme les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les batteries.
Pékin a déjà annoncé en janvier une enquête visant toutes les eaux-de-vie de vin importées de l’Union européenne, dont le cognac. Le vin, les produits laitiers, le porc et les voitures à grosses cylindrées seraient aussi dans le viseur, selon la presse chinoise.