mardi, septembre 24

La Chine et la France lancent un satellite pour mieux connaître l’Univers

Symbole de la coopération spatiale France-Chine, un satellite a été lancé le 22 juin, dont la mission sera de repérer les « sursauts gamma », véritables fossiles lumineux qui devraient fournir davantage d’informations sur l’histoire de l’Univers.

Initié par des ingénieurs français et chinois, cette mission appelée « Svom » (Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor), est une réelle collaboration sino-française dans l’espace. Elle a pour objectif de détecter et localiser ces très lointains phénomènes cosmiques, à la puissance monumentale.

Le satellite de 930 kilos possède quatre instruments (deux chinois, deux français). Il s’est envolé à bord d’une fusée chinoise Longue Marche 2-C depuis la base spatiale de Xichang, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine).

Le satellite, placé en orbite terrestre à 625 km d’altitude, enverra ses données à des observatoires sur Terre. Cependant, la tâche ne sera pas aisé, car l’extrême brièveté des sursauts gamma en gagera les scientifiques dans une course contre la montre pour collecter les informations.

Dès que Svom aura détecté un sursaut, il enverra une alerte à une équipe d’astreinte 24 heures sur 24. En moins de cinq minutes, les scientifiques devront alors déclencher un réseau de télescopes au sol qui s’aligneront précisément dans l’axe de la source du sursaut, pour des observations plus approfondies.

Des sursauts gamma indispensables pour comprendre l’Univers

L’engin devra donc étudier le sursaut gamma, qui se produit après l’explosion d’étoiles massives (plus de 20 fois la masse du soleil) ou la fusion d’étoiles compactes.

Les explosions les plus puissantes de l’Univers ont créé des bouffées de rayonnement d’une luminosité colossale dégageant une énergie équivalente à plus d’un milliard de milliards de soleils.

« Les observer, c’est un peu comme remonter dans le temps, car leur lumière met beaucoup de temps à nous parvenir sur Terre, plusieurs milliards d’années pour les plus distants », a expliqué à l’Agence France Presse, Frédéric Daigne, astrophysicien de l’Institut d’astrophysique de Paris et l’un des principaux experts français des sursauts gamma.

En parcourant l’espace, cette lumière traverse aussi différents gaz et galaxies, emportant avec elle leurs empreintes. Cela représente donc d’importantes informations pour mieux comprendre l’histoire et l’évolution de l’Univers. Le sursaut le plus lointain identifié jusqu’à présent s’est produit 630 millions d’années après le Big Bang, ce qui représente 5% de l’âge actuel de l’Univers.

« On s’intéresse aussi aux sursauts gamma pour eux-mêmes, car ce sont des explosions cosmiques très extrêmes qui nous permettent de mieux comprendre la mort de certaines étoiles », a indiqué Frédéric Daigne. « Toutes ces données permettent aussi de tester les lois de la physique avec des phénomènes qui sont impossibles à reproduire au laboratoire sur Terre ».

Une fois analysées, ces informations peuvent aussi servir à mieux comprendre la composition de l’espace, la dynamique des gaz et les autres galaxies.

Ce projet d’étude du sursaut gamma vient d’un partenariat entre les agences spatiales française (Cnes) et chinoise (CNSA), auquel participent également plusieurs organismes scientifiques et techniques des deux pays.

Ce projet n’est pas une première, car la Chine et la France ont déjà lancé conjointement en 2018 le CFOSAT, un satellite d’océanographie utilisé pour la météorologie marine. De plus, la France et pays européens participent au programme chinois d’exploration lunaire Chang’e.

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