samedi, septembre 21

L’ambitieux programme de sous-marins de Taïwan est une mesure de dissuasion vitale contre la Chine

Selon Global Data, Taïwan renforce sa position de défense contre la Chine en investissant 8,8 milliards de dollars dans son programme de sous-marins de défense indigène, qui vise à intégrer huit nouveaux sous-marins à sa flotte navale au cours de la prochaine décennie.

Ces sous-marins de pointe, développés avec le soutien essentiel des États-Unis et d’autres alliés, amélioreront considérablement les capacités de guerre sous-marine de Taïwan dans un contexte d’escalade des tensions régionales, déclare GlobalData, société de données et d’analyse de premier plan.

Le rapport de GlobalData, « Prévisions du marché mondial des sous-marins 2024-2034 », révèle que les dépenses de Taïwan en matière d’achat de sous-marins devraient augmenter à un TCAC de plus de 5%. Cette croissance est attribuée à l’achat de huit sous-marins conventionnels au cours de la période de prévision.

Taïwan dévoile son tout premier sous-marin

Taïwan a dévoilé en octobre 2023 son tout premier sous-marin de fabrication locale, dont le but est de jouer un rôle de premier plan dans la guerre asymétrique en cas de conflit avec Pékin.

Selon le South China Morning Post, les analystes militaires taiwanais ont estimé qu’il faut attendre pour que ce submersible soit prêt au combat et que la constitution de la flotte sous-marine de la marine taïwanaise face à la menace croissante de la flotte chinoise prendrait du temps.

Le prototype, qui devrait être achevé d’ici la fin de l’année prochaine, a été officiellement baptisé Hai Kun, (Narval en français), par la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen lors d’une cérémonie qui s’est déroulée dans la ville de Kaohsiung, dans le sud de l’île.

« L’histoire se souviendra toujours de ce jour », a affirmé l’ancienne dirigeante devant le prototype scellé sous le couvert d’un immense drapeau taïwanais. Tsai Ing-wen avait alors ordonné la construction du navire peu après son accession à la tête du gouvernement en 2016.

« Dans le passé, un sous-marin développé au niveau national était considéré comme une tâche impossible, mais aujourd’hui, un sous-marin conçu et construit par nos soins est juste devant nous. Nous l’avons fait », a encore précisé cette dernière.

Le Hai Kun a coûté près de 1,43 milliard d’euros au contribuable taïwanais. Ce dernier est propulsé par un moteur diesel-électrique est doté d’un gouvernail en forme de X et commencera bientôt ses essais d’acceptation au port, suivis d’essais d’acceptation en mer avant d’être remis à la marine pour des essais de combat. La marine de cet État insulaire finira d’équiper et de tester ce submersible d’ici 2025.

Après l’achèvement de ce premier prototype, Taipei va en construire un second et, si tout va bien, l’île disposera de quatre sous-marins en 2027. « L’objectif est de limiter toute tentative des forces communistes d’entrer dans le Pacifique occidental et d’imposer un blocus naval à Taïwan », a déclaré un amiral au South China Morning Post.

Zivon Wang, analyste militaire au Chinese Council of Advanced Policy Studies, un groupe de réflexion basé à Taipei, a toutefois déclaré qu‘il restait encore beaucoup de chemin à parcourir avant que la marine de l’île ne puisse constituer une flotte de sous-marins apte au combat.

« En principe, il faut trois à cinq ans pour qu’un prototype devienne enfin apte au combat et rejoigne d’autres navires dans des opérations militaires », a-t-il précisé en ajoutant que les marins et les commandants ont besoin de temps pour développer leurs compétences.

Enfin, la construction de ce bâtiment de guerre a notamment été poussée par les États-Unis, car les Américains ne voient pas d’un bon œil la montée en puissance de l’armée chinoise dans la région, mais Washington ne reconnaît pas Taïwan comme un pays indépendant et ne peut donc pas l’aider directement.

Selon Global Data, « Taïwan a dû faire face à plusieurs obstacles »

Rithik Rao, analyste aérospatial et défense chez GlobalData, a indiqué que « Taïwan a dû faire face à plusieurs obstacles dans sa tentative d’importer de nouveaux sous-marins en raison des restrictions diplomatiques imposées par la Chine. Cependant, au cours de la dernière décennie, le pays a pu acquérir l’expertise technique requise et établir la chaîne d’approvisionnement nécessaire pour faciliter la construction locale de sous-marins diesel-électriques modernes ».

Les sous-marins à venir, baptisés classe Hai Kun, seront dotés de plusieurs capteurs et systèmes d’armes sophistiqués fournis par les États-Unis, tels que le système de gestion de combat, les mâts électro-optiques, les sonars, les torpilles MK-48 Mod6 et les missiles UGM-84 Harpoon. Cela renforcerait les capacités anti-surface et anti-sous-marines de Taïwan, renforçant ainsi les efforts du pays pour protéger ses intérêts territoriaux.

Malgré son importance, le programme de sous-marins de défense indigènes a été critiqué dans le pays sur divers points, notamment son coût élevé, sa progression relativement lente et ses plans hâtifs pour des unités supplémentaires avant les essais en mer du premier sous-marin de la classe, lancé l’année dernière.

L’analyste de GlobalData a indiqué « bien que la plupart des détails du programme n’aient pas été révélés publiquement, la pertinence d’un sous-marin moderne dans la flotte navale est bien comprise par les décideurs politiques taïwanais, compte tenu de l’avantage asymétrique qu’un sous-marin procure dans la guerre navale. Il est probable qu’il s’agisse d’un investissement précieux dans les efforts du pays pour maintenir sa souveraineté ».

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