
Le nombre de personnes poursuivies à Taïwan pour espionnage a fortement augmenté ces dernières années. Selon le Bureau de la Sécurité nationale de Taïwan, 64 personnes ont été poursuivies pour espionnage pour le compte de la Chine en 2024.
Taïwan, dont le dirigeant Lai Ching-te a qualifié la Chine de «force étrangère hostile», est la cible de manœuvres de déstabilisation de la part de Pékin, et selon des experts, la menace vient de plus en plus … de ses propres ressortissants.
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D’après l’agence de renseignement de Taïwan, la Chine utilise «des canaux et des tactiques» éclectiques pour infiltrer son armée, ses agences gouvernementales ainsi que les organisations prochinoises de l’île.
Les principales cibles sont les retraités de l’armée et les militaires d’active, motivés par le gain, victimes de chantage, ou guidés par une idéologie prochinoise.
L’objectif est de voler des documents classés secret-défense, qu’ils fassent vœu de reddition à l’armée chinoise ou mettent en place des groupes armés pour aider les éventuelles forces d’invasion.
Le nombre de personnes poursuivies à Taïwan pour espionnage a fortement augmenté ces dernières années, selon les données officielles.
Le Bureau de la Sécurité nationale de Taïwan a déclaré que 64 personnes avaient été poursuivies pour espionnage pour le compte de la Chine l’année dernière, contre 48 en 2023 et 10 en 2022. En 2024 figuraient parmi elles 15 vétérans et 28 militaires en service.
«En général, pour les violations de la loi sur la sécurité nationale, le taux de poursuites pour le personnel militaire est relativement élevé», a expliqué à l’Agence France Presse le procureur général Hsing Tai-chao, du Bureau des Procureurs suprêmes.
«Cela ne veut pas dire que les gens ordinaires ne s’engagent pas dans des activités similaires» mais que «de telles actions ne constituent pas toujours une infraction criminelle pour les personnes ordinaires», au contraire des militaires, tenus à de plus strictes obligations quant à la sécurité nationale, a précisé Hsing Tai-chao.
Taïwan et la Chine entretiennent historiquement des liens politiques, culturels et éducatifs, notamment en raison de liens familiaux et d’une langue partagée, le mandarin.
Alors que ces échanges ont diminué ces dernières années en raison des tensions dans le détroit mais aussi de la pandémie de Covid, Pékin a trouvé d’autres moyens de recruter des espions sur l’île, selon des experts.
La Chine est passée par plusieurs banques informelles offrant des prêts ou effaçant les dettes des militaires ou ex-militaires en échange d’informations, lorsque d’autres ont été approchés via des jeux en ligne.
L’agence de renseignement taïwanaise a déclaré que la Chine avait aussi fait appel à «des criminels pour recruter d’anciens militaires afin qu’ils mobilisent leurs anciens camarades pour créer des +brigade de tireurs d’élite+, et planifient des missions contre des unités taïwanaises et des ambassades étrangères».
De plus, des chanteurs, des influenceurs ou encore des politiciens ont également été contraints d’obéir aux ordres de Pékin, répandant des infox, exprimant des opinions prochinoises ou obtenant des renseignements, selon Puma Shen, député du Parti démocrate progressiste (PDP).
Le réseau d’espionnage de la Chine était «en constante croissance», a déclaré le député, qui a étudié les opérations d’influence chinoises et a été sanctionné l’année dernière par Pékin pour prétendu «séparatisme».
«Ils essaient d’affaiblir non seulement notre défense, mais aussi tout le système démocratique.»
Le dirigeant Lai Ching-te, a déclaré envisager de rétablir des tribunaux militaires pour juger les affaires d’espionnage chinois impliquant des membres des forces armées, une question sensible à Taïwan où la loi martiale a été imposée pendant près de 40 ans. De récentes enquêtes montrent que la plupart des Taïwanais ne sont pas en faveur de l’unification avec la Chine.