L’arrivée de DeepSeek a bouleversé l’équilibre de la tech mondiale, car la start-up chinoise d’intelligence artificielle est en train d’égaler la plupart des capacités d’OpenAI à un prix moins élevé. De plus, elle remet en cause la suprématie américaine dans le domaine de l’IA et rebat les cartes d’une compétition géopolitique extrème.
DeepSeek a développé un modèle d’intelligence artificielle générative aussi performant que ChatGPT avec moins de moyens investis que par OpenAI. La société chinoise a déclenché une onde de choc sur les marchés, car 1000 milliards de dollars (906,6 milliards de francs) de capitalisation boursière mondiale se sont évaporés, avec une chute vertigineuse de près de 20% pour Nvidia, le leader mondial des semi-conducteurs et des cartes graphiques, indispensable au développement de l’intelligence artificielle.
Le 26 janvier, sur le réseau social X, Marc Andreessen, entrepreneur et investisseur influent de la Silicon Valley, a comparé l’arrivée de DeepSeek et de son robot conversationnel R1 à « un moment Spoutnik » de l’IA, faisant référence au choc qu’avait représenté le lancement du premier satellite soviétique en 1957. Ce lancement avait marqué un tournant dans la course à l’espace et obligé les Etats-Unis à réagir pour ne pas être dépassés technologiquement.
De son côté, Daniel Steck, analyste à la banque Piguet Galland, a expliqué le 29 janvier dans La Matinale de la RTS que « la réaction du marché montre qu’on avait atteint un certain niveau de complaisance face à la domination américaine dans l’intelligence artificielle et qu’un ajustement des attentes était nécessaire à tous les niveaux, que ce soit pour les sociétés de semi-conducteurs ou de data centers, qui ont été fortement pénalisées ».
Interrogé le 28 janvier dans Le Figaro, Thibault Morel, analyste pour la société de gestion d’actifs Silex, a estimé que la chute boursière « irrationnelle » s’explique par la baisse des prix des modèles d’intelligence artificielle générative et « accroît la taille du marché adressable ». Par conséquent, cela « permettra une croissance de tout le secteur ». « À mesure que l’IA devient plus efficace et plus accessible, nous verrons son utilisation monter en flèche, la transformant en une marchandise dont nous ne pourrons tout simplement pas nous passer« , a assuré sur le réseau social X Satya Nadella, PDG de Microsoft.
DeepSeek assure avoir développé son modèle avec 5,6 millions de dollars, contre des investissements de plusieurs milliards pour OpenAI. Certains doutent de la réalité de ce chiffre, mais les experts s’accordent sur le fait que la start-up a réussi à contourner le besoin de puces ultra-performantes, que les Etats-Unis refusent d’exporter vers la Chine.
« Ils se sont basées sur beaucoup de travaux en open source, en open science. Il y a un travail remarquable d’optimisation, un travail d’ingénierie que l’équipe Deepseek a pu fournir avec beaucoup moins de ressources de calcul », a indiqué Jamal Atif, professeur à l’Université Paris-Dauphine et expert en intelligence artificielle, dans l’émission de RTS « Tout un monde ».