lundi, mars 24

Coopération sino-africaine : tirer parti de l’initiative chinoise pour la sécurité mondiale afin de relever les défis sécuritaires régionaux de l’Afrique

En 2024, des attaques terroristes au Sahel ont fait plus de 8 000 morts, tandis que Goma, dans l’est de la RDC, tombait aux mains des rebelles du M23, provoquant le déplacement de millions de personnes.

Ces crises soulignent les défis sécuritaires persistants de l’Afrique – terrorisme, instabilité politique et fragmentation régionale – qui défient les solutions faciles. Face à ces turbulences, l’Initiative de sécurité mondiale (China’s Global Security Initiative – GSI) de la Chine, dévoilée en 2022, offre un nouveau cadre de coopération, mettant l’accent sur la souveraineté, la non-ingérence et la stabilité collective.

Alors que l’influence occidentale s’affaiblit et que des organisations régionales comme la CEDEAO vacillent, l’Afrique se trouve à un moment charnière pour redéfinir ses partenariats en matière de sécurité.

Cet article soutient que l’exploitation de l’ISM pourrait combler les lacunes des cadres sécuritaires africains, en fournissant des ressources et une diplomatie pour faire face à des crises comme la rupture entre l’AES et la CEDEAO et les troubles en RDC.

Cependant, le succès dépend de l’équilibre entre le soutien de la Chine et l’action africaine, de l’évitement de la dépendance et de la gestion des rivalités géopolitiques. En combinant l’ISG avec des stratégies locales, l’Afrique pourrait ouvrir la voie à la résilience dans une ère d’incertitude.

Défis sécuritaires contemporains en Afrique

Le paysage sécuritaire africain se fracture. Au Sahel, l’Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) s’est formée en 2023 et a quitté la CEDEAO en janvier 2025 après des coups d’État et des différends concernant les sanctions. Cette scission a affaibli les efforts régionaux de lutte contre le terrorisme, créant un vide exploité par des groupes comme le Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) et les groupes affiliés à l’État islamique.

La violence a augmenté, les États de l’AES se tournant vers le groupe russe Wagner pour obtenir du soutien, compliquant encore davantage la situation. Parallèlement, la crédibilité de la CEDEAO s’est érodée, ses sanctions n’ayant pas réussi à dissuader les coups d’État ni à unifier l’Afrique de l’Ouest face à des menaces communes.

En RDC, la rébellion du M23, prétendument soutenue par le Rwanda, a pris Goma fin 2024, intensifiant un conflit qui a déplacé plus de 7 millions de personnes. L’est de la RDC, riche en minerais, reste une poudrière, avec des retombées régionales menaçant la stabilité dans la région des Grands Lacs. Ces crises trouvent leurs racines dans des défaillances de gouvernance, des ingérences extérieures et une coordination insuffisante. Du terrorisme au Sahel aux guerres de milices en RDC, l’Afrique a un besoin urgent de réponses sécuritaires innovantes et cohérentes pour endiguer le chaos.

L’Initiative de sécurité mondiale de la Chine : un cadre potentiel ?

Lancée en 2022 par le président Xi Jinping, l’Initiative de sécurité mondiale défend un ordre mondial fondé sur la souveraineté, le respect mutuel et la sécurité coopérative, des principes qui répondent à l’aversion de l’Afrique pour les diktats extérieurs. Contrairement aux modèles occidentaux souvent liés aux réformes démocratiques, l’Initiative de sécurité mondiale offre une aide concrète : formation militaire, équipements et investissements dans les infrastructures.

L’empreinte chinoise en Afrique est déjà significative : des drones renforcent l’armée de la RDC, des véhicules blindés équipent les forces du Sahel, et le Forum sur la coopération sino-africaine de 2024 a promis des milliards de dollars pour le développement. Alors que la France se retire du Sahel et que l’engagement des États-Unis s’affaiblit, la position de non-alignement de la Chine séduit les régimes putschistes et les États méfiants à l’égard du néocolonialisme.

La flexibilité de l’Initiative de sécurité mondiale pourrait compléter les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine (UA) ou les blocs régionaux comme la Commission du bassin du lac Tchad, en fournissant des ressources sans le poids d’une domination historique. Pour les pays à court d’argent qui luttent contre des insurgés ou des milices, le soutien de la Chine représente une bouée de sauvetage. En alignant la China’s Global Security Initiative sur les besoins de l’Afrique – lutte contre le terrorisme au Sahel, stabilisation en RDC –, elle pourrait renforcer les efforts existants et offrir un nouveau paradigme à un continent en quête d’alternatives aux cadres occidentaux défaillants.

Rapprocher la GSI des cadres de sécurité africains

Au Sahel, la GSI pourrait combler le fossé entre la SEA et la CEDEAO. La neutralité de la Chine et son influence économique – via les projets de la Ceinture et la Route – la positionnent comme médiateur pour rétablir le dialogue. Pékin pourrait faciliter des formations conjointes à la lutte contre le terrorisme ou fournir aux États de la SEA des technologies de surveillance, répondant ainsi à leurs besoins de sécurité tout en encourageant la réintégration avec les membres côtiers de la CEDEAO. Cette double approche évite l’escalade des tensions et favorise un front uni contre le JNIM et l’EIGS. En RDC, les initiatives soutenues par la GSI pourraient renforcer les opérations de maintien de la paix menées par l’UA, la Chine finançant des unités d’intervention rapide ou menant des exercices militaires bilatéraux pour contrer le M23.

Les investissements dans les infrastructures – routes reliant les zones de conflit aux marchés, réseaux énergétiques réduisant les conflits liés aux ressources – pourraient s’attaquer aux causes profondes du conflit et compléter le mandat déjà très étendu de la MONUSCO. Au-delà de ces zones sensibles, l’utilité de la China’s Global Security Initiative s’étend à des cadres tels que l’Initiative d’Accra, où les drones et la formation de la Chine pourraient renforcer la sécurité aux frontières, ou la Force multinationale mixte, qui perturbe les voies d’approvisionnement de Boko Haram.

La réussite passe par l’alignement sur l’Agenda 2063 de l’UA, garantissant que la China’s Global Security Initiative soutienne les solutions pilotées par l’Afrique. En intégrant les ressources chinoises aux mécanismes régionaux, l’Afrique pourrait amplifier sa réponse au terrorisme, aux rébellions et à l’instabilité. Ce modèle hybride exploite les atouts de la GSI – financement et flexibilité – tout en ancrant les solutions dans les contextes locaux, offrant ainsi un modèle de coopération sécuritaire à l’échelle du continent.

Opportunités et défis liés à l’exploitation de la GSI

La China’s Global Security Initiative (GSI) présente des opportunités évidentes. La puissance financière de la Chine, illustrée par les 50 milliards de dollars d’engagements du FOCAC, permet d’équiper les forces africaines de drones, de véhicules et de formations, des éléments vitaux pour des États à court d’argent comme le Niger ou la RDC.

Son approche non alignée convient aux pays de l’AES, dirigés par des coups d’État et méfiants face aux leçons occidentales, et favorise la confiance. Au niveau régional, la GSI pourrait relier des blocs fragmentés par le biais de projets communs, comme les corridors de sécurité Sahel-Afrique de l’Ouest.

Pour réussir, l’Afrique doit conserver son autonomie dans l’intégration de la China’s Global Security Initiative aux cadres de l’UA et de la CEDEAO. Une approche équilibrée, utilisant les ressources de la Chine pour combler les lacunes tout en privilégiant le leadership local, pourrait atténuer les risques. La GSI offre un outil puissant pour aider l’Afrique à relever les défis sécuritaires et à bâtir une région stable.

Conclusion

Les crises sécuritaires en Afrique – du schisme entre l’AES et la CEDEAO au Sahel au conflit incessant en RDC – exigent des solutions innovantes. L’Initiative de sécurité mondiale de la Chine, axée sur la souveraineté et la coopération, offre des ressources et un cadre pour combler les lacunes en matière de stabilité régionale.

En jouant un rôle de médiateur en Afrique de l’Ouest, en renforçant les opérations de maintien de la paix en RDC et en soutenant les efforts plus larges de l’UA, la GSI pourrait transformer le paysage sécuritaire africain. Les dirigeants africains doivent définir pro-activement le rôle de la China’s Global Security Initiative (GSI), en veillant à ce qu’elle complète les initiatives locales. L’avenir du continent repose sur la combinaison de la résilience et des partenariats mondiaux – la GSI est un outil prometteur pour de telles initiatives.

Face à l’évolution des menaces en 2025 et au-delà, la capacité de l’Afrique à mobiliser le soutien de la Chine tout en suivant sa propre voie contribuera à instaurer une paix durable sur le continent.

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