Le texte « De la contradiction » (1937), a été écrit par Mao Zedong. Il s’agit de l’un des Cinq essais philosophiques les plus influents du dirigeant chinois. Il est considéré comme une contribution universelle au marxisme, car il développe et explique le matérialisme dialectique avec simplicité et des exemples concrets.
Mao explore la dialectique matérialiste, inspirée de la pensée marxiste, mais appliquée de manière spécifique au contexte chinois et à la lutte révolutionnaire. Il y développe également l’idée centrale que toute réalité est fondée sur des contradictions internes, et que c’est à travers la résolution de ces contradictions que se produit le changement et le développement.
La nature des contradictions
Mao commence par expliquer que la contradiction est omniprésente dans la nature, la société et la pensée. Il rejette l’idée que les phénomènes évoluent de manière linéaire, et insiste sur le fait que c’est à travers les contradictions que les choses se développent. Il distingue deux types de contradictions principales :
- les contradictions principales sont les contradictions fondamentales qui déterminent le développement global d’un phénomène. Dans le cas de la Chine révolutionnaire, Mao identifie la contradiction principale comme étant celle entre le peuple chinois et l’impérialisme étranger, notamment japonais, et les forces réactionnaires locales.
- les contradictions secondaires existent en parallèle des contradictions principales mais ne sont pas au cœur du développement. Par exemple, au sein même du peuple chinois, il peut y avoir des contradictions entre classes sociales ou factions politiques, mais tant que la contradiction principale (contre l’impérialisme) n’est pas résolue, les autres contradictions sont secondaires.
L’unité et la lutte des contraires
Mao explique que dans chaque contradiction, les deux pôles opposés existent en unité et en lutte constante. Cela signifie que les opposés sont interdépendants (ils ne peuvent exister l’un sans l’autre) mais qu’ils sont également en conflit permanent. Par exemple, dans la société, les classes sociales exploitantes et exploitées dépendent l’une de l’autre pour leur existence, mais elles sont aussi en opposition directe. La résolution de cette contradiction (la lutte des classes) conduit à un changement qualitatif, comme une révolution.
Mao souligne également que toutes les contradictions ne sont pas les mêmes, et qu’elles doivent être traitées de manière spécifique. Il rejette les approches simplistes et dogmatiques, insistant sur le fait que chaque situation historique a ses propres particularités.
Les contradictions au sein du peuple
L’un des points cruciaux de « De la contradiction » est l’importance des contradictions internes dans la société chinoise. Mao insiste sur le fait que même après la révolution, des contradictions continueront d’exister, notamment au sein du peuple. Cependant, ces contradictions ne doivent pas être traitées de la même manière que celles avec l’ennemi. Les contradictions parmi le peuple doivent être résolues par la critique et l’autocritique, des méthodes non violentes basées sur le dialogue et l’éducation.
Cela constitue une base théorique pour la politique de « réforme et rééducation » qui sera appliquée dans la Chine communiste pour rectifier les erreurs internes sans recourir à la violence systématique contre les membres du peuple.
La transformation qualitative et quantitative
Un autre aspect fondamental de la pensée dialectique chez Mao est l’idée que les changements dans le monde se produisent à travers une accumulation de transformations quantitatives qui, à un certain moment, aboutissent à une transformation qualitative. Par exemple, dans le cadre d’une révolution, des réformes progressives ou des luttes locales peuvent s’accumuler jusqu’à un point où un changement global — une révolution complète — devient inévitable.
Cela permet de comprendre la stratégie de Mao dans la guerre révolutionnaire : accumuler des forces à travers des luttes locales, tout en se préparant à un changement radical lorsque la situation mûrit.
« De la contradiction » est une œuvre clé qui expose la vision dialectique de Mao Zedong sur le développement historique, la politique et la révolution. Il y applique les principes du matérialisme dialectique pour analyser les conditions spécifiques de la Chine, tout en insistant sur l’importance de l’étude concrète des contradictions à chaque étape du développement social.
Cet essai fonde une grande partie de la stratégie de Mao pendant la guerre révolutionnaire et dans la gestion de la Chine post-révolutionnaire, en affirmant que le développement et le changement passent toujours par la résolution des contradictions.