
«La lutte contre la criminalité liée aux stupéfiants est la responsabilité commune de tous les pays», a déclaré une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse, le 20 mars.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé avoir agi «conformément à la loi» et pour lutter «contre la criminalité liée aux stupéfiants» après l’annonce par Ottawa de l’exécution de Canadiens en Chine.
Quatre citoyens canadiens ont été exécutés, a indiqué la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, selon qui Pékin a ignoré les appels à la clémence d’Ottawa.
«Nous condamnons fermement les exécutions de Canadiens en Chine», a déclaré Mélanie Joly à la presse. Un point de vue partagé par Henri-Paul Normandin, membre de l’Institut d’études internationales de Montréal, qui atteste que «il faut voir dans ce geste-là le fait que la Chine ne semble pas intéressée, pour le moment en tout cas, à développer de meilleures relations avec le Canada».
La ministre a dit ne pas être en mesure de discuter des détails de l’affaire en raison des appels au respect de la vie privée formulés par les familles concernées.
Les quatre accusés, qui ont reçu la peine de mort il y a quelques mois pour des infractions liées à la drogue, avaient la double nationalité chinoise et canadienne.
«La Chine ne reconnaît pas la double nationalité. Alors, pour eux, officiellement, de leur point de vue, ce sont des Chinois. Cela dit, j’étais quand même un peu surpris de voir dans le communiqué de presse de l’ambassade de Chine au Canada qu’elle reconnaissait le fait que c’était aussi des Canadiens», a expliqué au Journal de Monréal, Henri-Paul Normandin, membre de l’Institut d’études internationales de Montréal.
«La Chine traite les accusés sur un pied d’égalité»
Interrogée le 20 mars sur ces exécutions lors d’un point presse régulier, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que «la lutte contre la criminalité liée aux stupéfiants (était) la responsabilité commune de tous les pays».
«La Chine est un État de droit. Elle traite les accusés de toutes nationalités sur un pied d’égalité, traite les affaires avec rigueur et équité, conformément à la loi, et protège les droits légitimes des parties ainsi que les droits consulaires du Canada», a-t-elle indiqué.
«Le Canada devrait respecter l’esprit de l’État de droit et cesser d’interférer dans la souveraineté judiciaire de la Chine», a conclu Mao Ning. Dans une déclaration envoyée au journal canadien Globe and Mail, la Chine avait expliqué que les Canadiens ont été condamnés pour des délits liés à la drogue.
«Les crimes liés à la drogue sont des crimes graves reconnus dans le monde entier comme étant extrêmement préjudiciables à la société», indique le communiqué de l’ambassade de Chine à Ottawa envoyé au Globe.
«La Chine impose toujours des sanctions sévères pour les crimes liés à la drogue et maintient une attitude de +tolérance zéro+ à (cet) égard», a souligné l’ambassade chinoise.
La ministre canadienne Mélanie Joly a déclaré qu’elle et l’ancien Premier ministre Justin Trudeau, avaient demandé à la Chine de faire preuve d’indulgence, en vain.
Les relations entre la Chine et le Canada sont tendues depuis l’arrestation en 2018 par les autorités canadiennes d’une responsable du géant chinois Huawei et de l’emprisonnement en représailles par la Chine de deux ressortissants canadiens.
Ces trois personnalités ont depuis été libérés, mais les tensions ont continué. Pékin reproche à Ottawa son alignement sur la politique chinoise de Washington et les autorités canadiennes accusent de leur côté régulièrement la Chine d’ingérence.