mardi, janvier 7

Exercice américano-philippin contre une «invasion» en mer de Chine

Des incidents en mer de Chine méridionale laissent craindre un conflit plus large qui pourrait impliquer les Etats-Unis et le Japon, allié des Philippines.

Les troupes américaines et philippines ont tiré le 6 mai des obus et des missiles sur une force d‘ »invasion » imaginaire pendant des exercices en mer de Chine méridionale, dans le nord des Philippines où les Etats-Unis et les Philippines ont récemment accusé la Chine de « conduite dangereuse et déstabilisante ».

Plus de 16.700 soldats américains et philippins ont participé à ces manœuvres annuelles navales, terrestres et aériennes, organisées jusqu’au 10 mai, dans une zone où les incidents à répétition entre embarcations chinoises et philippines font craindre un conflit plus large.

Les soldats américains massés sur les dunes de la côte nord-ouest des Philippines, près de la ville de Laoag, à 400 kilomètres au sud de Taïwan, ont tiré plus de 50 obus de 155 millimètres sur des cibles flottantes à environ cinq kilomètres de la côte, a révélé l’Agence France Presse.

Par la suite, les troupes philippines ont enchaîné avec des tirs de roquettes vers les attaquants factices, avant que les deux forces ne finissent l’exercice avec des mitrailleuses, des missiles Javelin et d’autres salves d’artillerie.

Cet exercice à munitions réelles, baptisé « Balikatan » (« Épaule contre épaule » en langue philippine), vise à « se préparer au pire« , a déclaré le commandant de la Première force expéditionnaire des Marines des Etats-Unis, Michael Cederholm, lors d’un point presse.

« Il est conçu pour repousser une invasion », a-t-il ajouté sur le site de l’exercice, débuté le 22 avril dans plusieurs endroits des Philippines. « Notre flan nord-ouest est plus exposé », a souligné à l’AFP le général philippin Marvin Licudine, dirigeant l’exercice pour la partie philippine. « A cause des problèmes régionaux, nous devons dès maintenant nous entraîner sur notre propre sol ».

La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, une importante route commerciale. Elle a rejeté l’arbitrage international de la CPA qui lui a donné tort en 2016, et y fait patrouiller des centaines de navires des garde-côtes et de la marine.

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Fin avril, Manille a accusé les garde-côtes chinois d’avoir endommagé un bateau des garde-côtes philippins et un autre du bureau des pêches en tirant dessus au canon à eau près du récif de Scarborough, contrôlé par la Chine mais revendiqué par les Philippines.

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Dissuader la Chine

Les forces américaines participant à Balikatan avaient tiré des roquettes de précision Himars depuis l’île occidentale de Palawan, face aux îles Spratleys également disputées.

Selon l’armée américaine, il s’agissait d’une répétition du déploiement rapide du système Himars sur les côtes philippines bordées par la mer de Chine méridionale, afin de « sécuriser et de protéger le territoire, les eaux territoriales et les intérêts de la zone économique exclusive des Philippines ».

« Les exercices militaires sont une forme de dissuasion », a déclaré le ministre philippin des Affaires étrangères, Enrique Manalo, dans un discours prononcé en son nom par un assistant lors d’un atelier public vendredi. « Plus nous simulons, moins nous agissons. »

Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a quant à lui assuré le 6 mai que son pays n’allait pas « faire monter la tension » en mer de Chine méridionale.

« Nous ne suivrons pas les garde-côtes chinois et les navires chinois dans cette voie », a-t-il dit. « Nous n’avons pas l’intention d’attaquer qui que ce soit avec des canons à eau ou tout autre équipement offensif », a-t-il poursuivi, ajoutant que Manille continuera à utiliser exclusivement la voie diplomatique pour régler les différends avec Pékin.

Américains, japonais et philippins prêts à riposter

Ces incidents font craindre un conflit plus large de la part des Etats-Unis, qui affirme qu’ils ne resteront pas passifs en cas d’attaque. Les Etats-Unis, allié des Philippines, et d’autres pays de la région, se sont dits prêts à riposter.

D’ailleurs, les ministres de la Défense des Philippines, des Etats-Unis, du Japon et de l’Australie ont, à l’issue d’une réunion à Hawaï, publié un communiqué conjoint dénonçant la « conduite dangereuse et déstabilisante » de Pékin en mer de Chine méridionale.

« Les actions de la Chine dans les mers de Chine orientale et méridionale sont légitimes, légales et irréprochables », avait auparavant affirmé le 12 avril le ministère chinois des Affaires étrangères.

La Chine rejette les inquiétudes des Etats-Unis, du Japon et des Philippines

A la suite du communiqué des Etats-Unis, du Japon et des Philippines, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que « l’accusation infondée des pays concernés et leur dénigrement délibéré à l’encontre de la Chine sur la mer de Chine méridionale sont inacceptables ».

Lin Jian a indiqué le 19 avril, lors d’un point presse, que « la déclaration exprime de soi-disant ‘sérieuses inquiétudes sur le comportement de la Chine en mer de Chine méridionale’ et appelle la Chine à respecter la décision du tribunal arbitral de 2016 ».

Il a assuré que « la décision du tribunal arbitral sur la mer de Chine méridionale est illégale, nulle et non avenue » et déclaré que « la Chine n’acceptait ni ne reconnaissait cette soi-disant décision, et encore moins n’acceptait une quelconque revendication ou action basée sur cette décision ».

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« Peu importe la manière dont certains tentent de présenter la question de la mer de Chine méridionale, cette question reste ce qu’elle est », a déclaré Lin Jian, ajoutant que « toute manipulation politique déguisée sous forme d’actions juridiques était vouée à l’échec et ne saurait ébranler la détermination de la Chine à défendre sa souveraineté territoriale, ainsi que ses droits et intérêts maritimes ».

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