mercredi, juillet 3

Joe Biden a révoqué 8 licences du géant chinois Huawei en 2024

L’administration Biden a révoqué en 2024 huit licences qui avaient permis à certaines entreprises d’expédier des marchandises au géant chinois des équipements de télécommunications Huawei, selon un document rapporté pour la première fois par l’agence de presse Reuters.

L’administration américaine cherche à faire pression sur l’entreprise chinoise en pleine renaissance. Le département du Commerce, qui supervise la politique d’exportation des États-Unis, a déclaré en mai 2024 avoir révoqué « certaines » licences, comme l’a d’abord rapporté Reuters, mais n’a pas précisé le nom ou le nombre de fournisseurs concernés.

Des licences révoquées et dénoncées

En mai 2024, Washington a retiré certaines licences d’exportation qui permettaient à des fabricants américains de vendre des composants au géant chinois des télécoms Huawei. « Nous ne commentons aucune licence spécifique, mais nous pouvons confirmer que nous avons révoqué certaines licences d’exportation vers Huawei », a indiqué le 8 mai un porte-parole du département américain du Commerce.

Le fabricant américain de semi-conducteurs, Qualcomm, a indiqué à l’Agence France Presse que cela concernait une de leurs licences. « Nous continuerons de nous conformer à toutes les réglementations applicables en matière de contrôle des exportations », a assuré Huawei dans un courrier électronique. Pourtant, la licence qui autorisait Intel à vendre des composants à Huawei a été annulé.

Huawei, qui fabrique notamment des téléphones intelligents, des tablettes et des montres connectées, est depuis plusieurs années au centre d’une intense rivalité technologique entre la Chine et les Etats-Unis. Washington accuse l’entreprise chinoise – qui conteste fermement – de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises.

Le sénateur Marco Rubio et la représentante à la Chambre, Elise Stefanik, ont demandé à l’administration Biden de révoquer ces licences. « Nous vous exhortons à révoquer immédiatement les licences d’exportation qui permettent à la technologie américaine d’aider nos adversaires, afin de priver Huawei de la précieuse technologie américaine et de ralentir la progression du parti communiste chinois vers la frontière technologique », ont-ils requis dans ce courrier transmis à la ministre du Commerce de Joe Biden, Gina Raimondo.

« Huawei, une entreprise sur liste noire, qui était mal en point il y a quelques années seulement, fait son grand retour. Cela est dû au fait que l’administration Biden […] ne parvient pas à protéger l’ingénierie américaine », ont accusé les élus.

La Chine a déploré dans un communiqué cette nouvelle décision de Washington ciblant Huawei. « Les États-Unis ont trop étendu le concept de sécurité intérieure, politisé les questions économiques et commerciales, abusé des mesures de contrôle à l’export et adopté à plusieurs reprises des sanctions et des mesures de répression déraisonnables contre des entreprises chinoises spécifiques », a réagi un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué.

Ce porte-parole a averti que « la Chine prendrait toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement les droits et les intérêts légitimes des entreprises chinoises ».

Huit licences depuis janvier 2024

« Depuis le début de 2024, (le département du Commerce) a révoqué huit licences supplémentaires impliquant Huawei », a déclaré le département du Commerce dans le document. Ce texte a été préparé en réponse à une demande de renseignements du député républicain Michael McCaul.

Selon le document, les licences accordées à Huawei comprennent « des équipements d’exercice et du mobilier de bureau ainsi que des composants de faible technologie pour les articles de consommation de masse, tels que les pavés tactiles et les capteurs d’écran tactile pour tablettes », qui sont largement disponibles en Chine auprès de sources chinoises et étrangères, a indiqué le ministère du Commerce.

Huawei et Qualcomm n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’agence de presse, Reuters. Intel a aussi refusé de commenter. Un porte-parole de la commission des affaires étrangères de la Chambre, présidée par Michael McCaul, a déclaré avoir reçu les données le 2 juillet et les examiner.

Les détails présentés dans ce texte mettent en lumière les mesures prises par l’administration Biden pour contrecarrer Huawei. Les Etats-Unis veulent ainsi freiner Huawei qui est parvenu à rebondir économique et technologiquement, malgré les efforts de Washington pour la paralyser pour des raisons de sécurité nationale. Huawei a d’ailleurs nié qu’il s’agisse d’un risque pour la sécurité.

Cette décision intervient également dans un contexte de pression exercée par les partisans de la ligne dure vis-à-vis de la Chine au Congrès afin de frapper fort contre l’entreprise. D’autant plus que les industriel chinois ont présenté en août 2023 un nouveau téléphone alimenté par une puce sophistiquée fabriquée par le fabricant de puces chinois SMIC.

Le téléphone a permis aux ventes de smartphones Huawei de grimper de 64% en glissement annuel au cours des six premières semaines de 2024, selon le cabinet d’études Counterpoint.

L’activité de composants pour voitures intelligentes de Huawei a également contribué à la renaissance de Huawei, l’entreprise ayant enregistré sa croissance de revenus la plus rapide en quatre ans en 2023.

Huawei a été placé sur une liste de restrictions commerciales aux États-Unis en 2019, pour des raisons non prouvées d’espionnage contre les Américains. Être ajouté à la liste signifie que les fournisseurs de Huawei doivent demander une licence spéciale, difficile à obtenir avant l’expédition.

Mais les fournisseurs de Huawei ont reçu des licences d’une valeur de plusieurs milliards de dollars pour vendre des biens et des technologies Huawei, grâce à une politique introduite par l’administration Trump qui a permis à l’entreprise d’acheter un éventail beaucoup plus large d’articles que ce qui est typique pour une entreprise cotée en bourse.

Le résumé du texte lu par Reuters indique que de 2018 à 2023, le département du Commerce a approuvé des licences d’une valeur de 335 milliards de dollars sur un total de 880 milliards de dollars de demandes visant à obtenir l’autorisation de vendre à des parties chinoises figurant sur la liste des entités. Parmi ces approbations, 222 milliards de dollars ont été accordées en 2021, la première année de mandat de Biden, sur 560 milliards de dollars de demandes reçues cette année-là, a ajouté l’agence.

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