lundi, septembre 16

La Chine pourrait atteindre son pic d’émissions de gaz à effet de serre plus tôt que prévu

La Chine s’est engagée à atteindre son pic d’émissions d’ici 2030, mais avec ses nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable, cela pourrait arrivé plus rapidement, selon de nombreux experts.

La Chine s’est engagée à atteindre son pic d’émissions d’ici 2030. Mais certains experts estiment que les émissions de gaz à effet de serre de la Chine vont connaître leur pic. Cette information a été présenté alors que des émissaires «climat» chinois et américain se rencontrent à Pékin.

Échanges entre la Chine et les Etats-Unis en perspectives

La Chine et les États-Unis sont respectivement le premier et le deuxième émetteurs mondiaux de ces gaz, qui contribuent au réchauffement planétaire.

Malgré leurs différends bilatéraux, l’émissaire américain pour le climat John Podesta va chercher à consolider la coopération Chine / Etats-Unis, lors de sa rencontre avec son homologue Liu Zhenmin.

Avec des capacités de production d’énergie renouvelable installées à une vitesse record et avec la crise du BTP, faisant baisser la production d’acier, très polluante, la Chine pourrait atteindre son objectif plus tôt que prévu.

«La quantité d’électricité propre (…) qui est installée (en Chine) est telle que [le pays] peut atteindre le pic de ses émissions dès maintenant» si les progrès dans les renouvelables sont maintenus et «si la hausse globale de la demande d’énergie ralentit», a estimé Lauri Myllyvirta, analyste du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), un institut de recherche basé en Finlande.

La Chine construit actuellement deux fois plus de capacités dans l’éolien et le solaire que le reste du monde, selon une étude publiée en juillet par l’organisme américain Global Energy Monitor (GEM). L’Empire du milieu avait d’ailleurs annoncé en août avoir atteint avec six ans d’avance un objectif en matière de solaire et d’éolien.

Lire aussi : La Chine va poursuivre sa transition écologique vers le pic et la neutralité carbone

Le charbon reste un problème

Concernant le charbon, très polluant, il représente encore une grande part de la production d’électricité en Chine, mais il ne semble plus être l’énergie d’avenir. Le nombre de permis délivrés par les autorités pour la construction de centrales électriques au charbon a diminué de 83% sur un an au premier semestre 2024.

La Chine reste toutefois le premier émetteur et consommateur de charbon au monde. «Il sera absolument décisif pour notre capacité à atteindre le pic des émissions mondiales de savoir si celles de la Chine vont se poursuivre ou chuter», a déclaré à l’Agence France Presse, Lauri Myllyvirta.

Outre le solaire et l’éolien, le bouquet d’énergie propre de la Chine comprend une part importante d’hydraulique et de nucléaire. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la Chine est désormais le producteur d’énergie nucléaire à la croissance la plus rapide au monde dans ce domaine. Elle a donné le mois dernier son feu vert à 11 nouveaux réacteurs.

Cependant, la production d’électricité à base de charbon devrait encore augmenter cette année en Chine, selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) car la construction de nouvelles centrales électriques au charbon d’une capacité d’environ 41 gigawatts a débuté au premier semestre 2024, selon le CREA et le GEM. Cela représente plus de 90% des nouvelles constructions de centrales au charbon dans le monde.

La Chine s’est engagée à atteindre son pic d’émissions d’ici 2030.

La Chine continue de s’appuyer sur le charbon, car elle adopte une «approche prudente dans sa transition vers l’électricité propre», a indiqué à l’Agence France Presse, Muyi Yang, analyste chez Ember, un groupe de réflexion spécialisé dans l’énergie.

Ce dernier a indiqué que cette stratégie «vise à ‘édifier avant de casser’, c’est-à-dire à d’abord mettre en place un système d’électricité propre qui soit solide avant d’abandonner progressivement les combustibles fossiles». «La Chine s’approche rapidement» d’un pic d’émissions, a-t-il ajouté.

D’après une enquête menée en 2023 auprès de 89 experts, la majorité s’attend à ce qu’il intervienne avant 2030. Les experts se demandent si ce pic d’émission sera suivi d’une baisse ou d’un plateau.

La Chine n’a pas signé l’engagement, pris notamment par les États-Unis et l’Union européenne (UE), de réduire les émissions mondiales de méthane d’au moins 30% d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2020. L’émissaire américain John Podesta devrait encourager la Chine à faire davantage sur cette questions.

Les discussions bilatérales devraient également porter sur la domination de la Chine dans les produits du secteur des renouvelables – comme les panneaux solaires – ayant conduit à des surtaxes douanières punitives en Occident, notamment aux États-Unis.

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