dimanche, avril 6

La Corée du Sud et la Chine sont à l’avant-garde du développement de conjugués anticorps-dégradants en oncologie

L’émergence des conjugués anticorps-dégradants (DAC) a suscité un vif intérêt et pourrait révolutionner le paysage de la médecine de précision.

Les DAC visent à pallier les limites des conjugués anticorps-médicament (CAM) traditionnels, qui allient la spécificité des anticorps à la puissance des dégradants protéiques. Les DAC représentent une nouvelle classe de thérapies ciblées, la Corée du Sud et la Chine étant à l’avant-garde du développement de ces derniers en oncologie et dans d’autres indications.

La Chine et la Corée du sud devraient jouer un rôle important sur le marché mondial des conjugués anticorps-dégradants (DAC) dans les années à venir, selon GlobalData, société leader dans le domaine des données et de l’analyse.

Les conjugués anticorps-médicament (CAM) sont composés de trois composants : un anticorps monoclonal (mAb) qui cible un antigène spécifique, une charge utile cytotoxique et un agent de liaison chimique.

Les DAC, quant à eux, remplacent la charge cytotoxique de l’ADC et fusionnent une chimère ciblant la protéolyse (PROTAC) avec un mAb via un lieur chimique, visant une dégradation ciblée des protéines et potentiellement une efficacité et une sécurité améliorées.

Le développement des DAC en est encore à ses débuts à l’échelle mondiale. Selon le Pharma Intelligence Center de GlobalData, vingt-huit actifs sont en développement dans le monde (Phase I : 2 ; Préclinique : 6 ; Découverte : 20). Les entreprises sud-coréennes et chinoises comptent actuellement dix-neuf actifs (Corée du Sud : 10 ; Chine : 9 actifs) dans leur pipeline, dont un actif en phase I pour les tumeurs solides avancées exprimant HER2 (ORM-5029 d’Orum Therapeutics, Corée du Sud).

Nadim Anwer, analyste pharmaceutique chez GlobalData, a expliqué que «malgré des avancées notables dans le développement des ADC, les ADC actuellement disponibles présentent des limites liées à la toxicité et à la résistance liées à la charge utile. Les DAC ont le potentiel de surmonter ces difficultés en permettant aux agents de dégradation d’être administrés directement et sélectivement aux cellules cancéreuses ciblées».

La Corée du Sud réalise des progrès significatifs dans le secteur des DAC, profitant de la vague de partenariats avec de nombreuses entreprises. En novembre 2023, Bristol Myers Squibb a acquis auprès d’Orum Therapeutics le DAC ORM-6151, potentiellement «premier de sa catégorie», actuellement en phase I, pour environ 180 millions de dollars.

Lors de l’acquisition de ce médicament, l’entreprise a reçu l’autorisation de la FDA pour un essai de phase I. En juillet 2024, Vertex Pharmaceuticals et Orum ont conclu un accord de collaboration mondial pour le développement de nouveaux DAC.

Plusieurs entreprises chinoises, telles que Kangpu Biopharmaceuticals Ltd, Shanghai Helioson Pharmaceutical Co Ltd et Primelink Biotherapeutics (Suzhou) Co Ltd, jouent un rôle majeur dans le développement des DAC.

Par ailleurs, aux États-Unis, de nombreux acteurs majeurs se sont déjà lancés dans la course au développement des DAC. En décembre 2023, C4 Therapeutics a conclu un accord de collaboration avec Merck pour les DAC.

C4 Therapeutics recevra un acompte de 10 millions de dollars, des paiements d’étape pouvant atteindre 600 millions de dollars et environ 2,5 milliards de dollars sur l’ensemble de la collaboration.

En septembre 2023, Seagen (qui fait désormais partie de Pfizer) et Nurix Therapeutics ont conclu un accord de collaboration stratégique d’une valeur de plus de 3,4 milliards de dollars pour le développement des DAC.

L’analyste de GlobalData a indiqué que «bien que la plupart des DAC en soient aux premiers stades de développement, ils offrent une solution innovante et prometteuse pour surmonter les limites des ADC. Deux actifs de phase I en développement, associés à des partenariats commerciaux stratégiques avec des acteurs majeurs, démontrent de manière convaincante que les DAC pourraient offrir une approche thérapeutique prometteuse allant au-delà du traitement du cancer».

«De plus, grâce à ces actifs innovants, les entreprises sud-coréennes et chinoises peuvent attirer et développer leurs collaborations stratégiques avec des acteurs étrangers. Il est trop tôt pour se prononcer sur le succès clinique de cette classe ; cependant, elle suscite un intérêt croissant en tant que nouveau domaine de recherche».

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