vendredi, juin 14

La sonde Chang’e-6 atterrit sur la face cachée de la Lune

Des images diffusées par l’administration spatiale nationale chinoise (CNSA) montrent la sonde lunaire Chang’e-6 lors de son atterrissage réussi le 2 juin sur la face cachée de la Lune pour récolter des échantillons pour la première fois.

« La sonde chinoise Chang’e-6 a atterri avec succès le 2 juin matin sur la face cachée de la Lune, et collectera des échantillons lunaires de ce terrain rarement exploré pour la première fois dans l’histoire de l’humanité », a annoncé l’Administration nationale de l’espace de Chine (CNSA).

A l’aide du satellite relais Queqiao-2, l’ensemble atterrisseur-ascenseur de la sonde Chang’e-6 s’est posé avec succès à 6h23 (heure de Beijing) sur la zone d’atterrissage désignée dans le bassin Pôle Sud-Aitken (South Pole-Aitken, SPA).

Cette mission de 53 jours lancée le 3 mai doit permettre de réaliser les tout premiers prélèvements sur la face cachée de la Lune, une région du satellite de la Terre rarement explorée. La sonde va tenter de récolter de la matière lunaire et de conduire d’autres expériences dans sa zone d’atterrissage.

Chang’e-6 passe toutes les étapes

Chang’e-6 se compose d’un orbiteur, d’une capsule de retour, d’un atterrisseur et d’un module d’ascension. Depuis son lancement, elle est passée par différentes étapes, telles que le transfert Terre-Lune, le freinage près de la Lune, la mise en orbite lunaire et la descente vers le lieu d’atterrissage. « La combinaison de l’atterrisseur et du module d’ascension s’est séparée de la combinaison orbiteur-capsule de retour le 30 mai », a indiqué la CNSA.

La combinaison atterrisseur-module d’ascension a entamé sa descente propulsée à 6h09. Le moteur principal à poussée variable a été allumé, et la combinaison a rapidement ajusté son attitude et s’est progressivement approchée de la surface lunaire.

Durant la descente, un système visuel autonome d’évitement des obstacles a été utilisé pour détecter automatiquement les obstacles. De son côté, une caméra à rayonnement visible sélectionnait une zone d’atterrissage relativement sûre en fonction de la luminosité et de l’obscurité de la surface lunaire.

La combinaison a ensuite plané à environ 100 m au-dessus de la zone d’atterrissage sûre et a utilisé un scanner laser 3D pour détecter les obstacles sur la surface lunaire afin de sélectionner le site d’atterrissage final avant une lente descente verticale. « A l’approche de la surface lunaire, la combinaison a coupé le moteur et a atterri en chute libre, protégée par un système d’amortissement », a souligné l’administration.

La mission Chang’e-6 est chargée de collecter et de rapporter des échantillons de la face cachée de la Lune, la première initiative de ce type dans l’histoire de l’exploration humaine de la Lune.

Elle a accompli une percée dans la conception et la technologie de contrôle de l’orbite lunaire rétrograde et vise à concrétiser des technologies clés d’échantillonnage intelligent et rapide, ainsi qu’à réaliser le décollage et l’ascension depuis la face cachée de la Lune.

Chang’e-6 atterrit sur le basin Apollon

« Le site d’atterrissage est un cratère d’impact connu sous le nom de bassin Apollo, situé au sein du bassin SPA. Le choix a été fait en raison de la valeur potentielle du bassin Apollo pour l’exploration scientifique, ainsi que des conditions de la zone d’atterrissage, notamment les conditions de communication et de télémétrie et la planéité du terrain », a déclaré Huang Hao, un expert spatial de la société China Aerospace Science and Technology Corporation (CASC).

D’après ce dernier, « le terrain de la face cachée de la Lune est plus accidenté que celui de la face visible, avec moins de zones plates continues. Cependant, le bassin d’Apollo est relativement plus plat que les autres zones de la face cachée, ce qui est propice à l’atterrissage ».

De plus, « l’atterrisseur est équipé de multiples capteurs, notamment des capteurs à micro-ondes, des détecteurs laser et des capteurs d’imagerie optiques qui peuvent mesurer la distance et la vitesse, et identifier les obstacles sur la surface lunaire ».

Ensuite, pour éviter que les capteurs optiques ne soient perturbés par la poussière lunaire lors de l’atterrissage, l’atterrisseur est également équipé de capteurs à rayons gamma qui mesurent avec précision la hauteur à travers des rayons de particules, ce qui permet d’arrêter le moteur à temps et d’atterrir en douceur sur la surface lunaire, a-t-il ajouté.

Parallèlement, les jambes d’atterrissage jouent leur rôle de tampon, absorbant l’énergie de l’impact de l’atterrissage et garantissant la sécurité de l’équipement de l’atterrisseur.

Récolte d’échantillons

Après l’atterrissage, la sonde devrait achever l’échantillonnage dans les deux jours. Elle a adopté deux méthodes d’échantillonnage de la Lune, à savoir l’utilisation d’une foreuse pour collecter des échantillons souterrains et le prélèvement d’échantillons en surface à l’aide d’un bras robotisé.

D’après Jin Shengyi, autre expert spatial de la CASC, « l’équipe de développement de la sonde Chang’e-6 a construit à l’avance un laboratoire de simulation afin de garantir un processus d’échantillonnage sans heurts ».

Les membres de l’équipe mettront en place une réplique à l’échelle réelle de la zone d’échantillonnage basée sur les résultats de l’exploration de Chang’e-6 concernant l’environnement, la distribution des roches et les conditions du sol lunaire autour du site d’atterrissage.

Grâce à cette simulation, ils développeront et vérifieront les stratégies d’échantillonnage et les procédures de contrôle des équipements afin de garantir la précision des instructions, a précisé l’administration.

En raison de l’obstruction de la Lune, la fenêtre de communication Terre-Lune sur la face cachée de la Lune reste plus courte que sur la face visible. Par conséquent, la durée d’échantillonnage de Chang’e-6 sera réduite à environ 14 heures, contre 22 heures pour Chang’e-5.

« Pour gagner du temps et améliorer l’efficacité, l’équipe de développement a rendu le processus d’échantillonnage plus intelligent, permettant à Chang’e-6 d’exécuter des instructions et de prendre des décisions de manière autonome afin de réduire les interactions entre la Terre et la Lune », a précisé Jin Shengyi.

En 2019, la Chine avait déjà posé un engin sur la face cachée de la Lune, mais celui-ci n’avait pas rapporté d’échantillons.

Lire aussi : La sonde Chang’e-4 a atterrit sur la face cachée de la Lune

Les scientifiques estiment que la face cachée de la Lune – appelée ainsi parce qu’elle est invisible depuis la Terre et non parce qu’elle ne capte jamais les rayons du soleil – est très prometteuse pour la recherche. Ses cratères sont moins recouverts par d’anciennes coulées de lave que ceux de la face proche et visible.

Il serait donc plus aisé d’y récolter des échantillons, afin de mieux comprendre comment la Lune s’est formée. « Les échantillons collectés par Chang’e 6 auront un âge géologique d’environ quatre milliards d’années », avait expliqué Ge Ping, vice-directeur du Centre chinois d’exploration lunaire et d’ingénierie spatiale.

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