vendredi, août 30

L’agenda du IIIe plénum sera compliqué à mettre en place selon un responsable politique

Des responsables politiques chinois ont reconnu le 19 juillet que les bjectifs décidés le 18 juillet lors IIIème plénum du Parti communiste chinois (PCC) posait de « nombreuses contradictions », pouvant freiner l’abolition de ces buts jugés inadéquats par plusieurs observateurs.

« Plus les réformes sont profondes, plus les conflits d’intérêts sont compliqués et importants », a souligné le vice-directeur du Centre de recherche politique du Comité central, Tang Fangyu, à l’occasion d’une conférence de presse. Selon lui, « encourager la modernisation à la chinoise pose de nombreux problèmes complexes, et nous devrons vaincre de nombreux défis et obstructions ».

Les engagements pris par le gouvernement chinois à l’issue de la réunion de quatre jours, tenue à huis clos, semblent contradictoires, car ils vont d’un soutien simultané à l’offre et à la demande à une réduction des risques liés à la dette.

« Il est positif que les dirigeants chinois aient de nouveau reconnu que l’économie affrontait de nombreux vents contraires », a salué la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine, précisant toutefois que les objectifs étaient principalement « des répétitions ».

Une part importante des buts que s’est fixés le 18 juillet le gouvernement chinois avaient déjà été évoqués lors d’un précédent plénum, en 2013. De fait, « la Chine ne semble pas dévier de ses priorités immédiates, assurer sa reprise économique dans les limites de ses objectifs de sécurité nationale, tout en maintenant la stabilité sociale », a ajouté la Chambre.

Des analystes déçus

Plusieurs analystes se sont dits déçus par les résultats du plénum, qui ne s’écartent pas de la politique habituelle de Pékin. En effet, ces derniers souhaitaient une politique de soutien plus forte pour relancer l’économie.

« Rien de nouveau sous le soleil: mêmes politiques industrielles, même rapport aux choses », a estimé Alicia Garcia Herrero, cheffe économiste Asie-Pacifique chez Natixis. « Il n’y a vraiment aucun changement de cap, aucune croissance basée sur la consommation, rien. Aucune phrase sur la puissance des forces de marché, rien. C’est une véritable déception », a ajouté l’économiste.

Le gouvernement s’est focalisé sur les « nouvelles forces productives », ce qui n’a pas non plus convaincu. Ce nouveau concept combine la recherche scientifique et technologique pouvant déclencher une nouvelle période de forte croissance.

« Il existe toujours une tension entre le soutien à l’offre et l’objectif d’augmenter les dépenses des ménages », selon Harry Murphy-Cruise, économiste chez Moody’s Analytics. « Le communiqué s’est focalisé sur les ‘nouvelles forces productives’, la ‘révolution scientifique et technique’ et la ‘transformation industrielle’. Le soutien au bien-être des ménages n’est mentionné qu’en toute fin » de communiqué, a indiqué ce dernier.

Déçus, mais optimistes, certains observateurs insistent sur la nécessité de réformer l’économie chinoise. Car la situation actuelle pourrait mener à une période prolongée de stagnation économique et de pressions déflationnistes.

« Des niveaux de dette élevés et des pressions déflationnistes de plus en plus fortes pourraient aboutir à une croissance faible et une inflation très faible (…), une situation à la japonaise », a indiqué Julian Evans-Pritchard, responsable Economie chinoise chez Capital Economics. « Cela forcerait (le gouvernement chinois) à changer de cap. Mais cela ne se produirait pas immédiatement, peut-être seulement dans quelques années ».

A la suite d’un précédent plénum, celui de 2013, Pékin avait annoncé un agenda politique incluant la plupart des objectifs déclinés le 18 juillet, assurant avoir l’ambition de libéraliser ses marchés financiers et de renforcer l’importance de la consommation dans la croissance.

Or des fuites de capitaux en 2015 ont suspendu l’application de la plupart de ces objectifs. De nombreux observateurs ont alors estimé que des inquiétudes sécuritaires ont poussé la Chine dans la direction opposée ces dernières années.

Plutôt que d’encourager la demande des ménages, Pékin a décidé de soutenir massivement les dépenses d’infrastructures et le secteur immobilier, faisant progresser la dette de nombreux gouvernements locaux à un rythme intenable.

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