Figure emblématique de la diplomatie chinoise des « loups guerriers » (a wolf-warrior diplomat), Lu Shaye a été à plusieurs reprises convoqué par le Quai d’Orsay durant ses cinq ans de mandat à Paris. Son remplaçant n’est pas encore connu.
Le mandat de l’ambassadeur de Chine en France « touche à sa fin », a annoncé au quotidien Le Figaro, le 5 décembre, la représentation chinoise à Paris. Le 4 décembre, l’ambassadeur en France, Lu Shaye, et son épouse, Wang Liwen, ont organisé une réception d’amitié sino-française à l’ambassade et ont remis le « Prix de l’ambassadur de Chine pour le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France ».
Lors de cet évènement, il a déclaré que depuis plus de cinq ans qu’il est en France, il est très heureux de voir les moments forts des échanges de haut niveau entre les deux pays, l’expansion continue de la coopération pratique et l’approfondissement de l’amitié entre les deux pays et les peuples. « On estime qu’avec les efforts conjoints de personnes amicales de tous horizons dans les deux pays, les relations sino-françaises marqueront le début de 60 années encore plus glorieuses », a-t-il déclaré, selon le compte-rendu en chinois de l’ambassade de Chine à Paris.
La date précise de son départ n’est pas encore connue, tout comme le nom de son successeur, a précisé l’ambassade. Le diplomate avait déjà été annoncé sur le départ à l’été 2023 après avoir contesté la souveraineté de l’Ukraine, ce qui l’avait conduit au Quai d’Orsay.
Plusieurs polémiques
Personnage emblématique de la « diplomatie des loups guerriers », qui se caractérise par une diplomatie plus combattive et moins retenue qu’auparavant, Lu Shaye aura passé cinq ans et quatre mois à Paris.
Aussi connue pour ses déclarations notamment contre les journalistes français, avait été convoquée au Quai d’Orsay pour avoir déclaré sur LCI que les anciennes républiques soviétiques (dont l’Ukraine) n’avaient «pas de statut effectif dans le droit international». La Chine avait rectifié les propos de son ambassadeur à Paris en affirmant respecter «le statut d’État souverain des républiques» post-soviétiques.
Au cours de son mandat, il aura provoqué plusieurs polémiques, ce qui laissant penser aux médias français présagés son départ imminent. Et pourtant durant 5 ans, Lu Shaye aura marqué les esprits, notamment lors de son opposition au chercheur français spécialiste de la Chine, Antoine Bondaz. Sur Twitter, il l’avait insulté, le traitant de «petite frappe» avant d’enfoncer le clou sur le site de l’ambassade, le qualifiant de «troll idéologique». Il avait ensuite attaqué les «hyènes folles» qui «s’affublent des habits de chercheur et de médias et qui s’en prennent furieusement à la Chine». Ces saillies lui avaient déjà valu une convocation du ministère des Affaires Étrangères.
Outre ces affaires, au début de l’épidémie de Covid-19, en mars 2021, Lu Shaye avait accusé des soignants français d’abandon de poste. «Les personnels soignants des Ehpad ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie», avait-il écrit sur le site de l’ambassade. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, lui avait alors signifié sa «désapprobation».