vendredi, janvier 17

L’amnistie portugaise à Macao évoquée en exposition en Pologne

Le couple d’artistes berlinois Cheong Kin Man (né à Macao en 1987) et Marta Stanisława Sala (née à Catovice en 1985) inaugure sa première exposition commune en Pologne.

Intitulée « Flora Macanensis », cette exposition est ouverte au public depuis le 7 janvier à la Bibliothèque municipale de Catovice (MBPK), dans le quartier de Bogucice. Elle s’accompagne d’une conférence consacrée à Macao, ancienne colonie portugaise ayant un statut comparable à celui de Hong Kong.

Un hommage aux migrants

L’exposition met en lumière l’amnistie octroyée par le Portugal en 1990 à des dizaines de milliers de migrants chinois en situation irrégulière dans ce « territoire chinois sous administration portugaise », à la suite d’une visite de Mário Soares, président portugais de l’époque (1986-1996).

Parmi les bénéficiaires figurait Flora, la mère de Cheong, qui avait fui la Chine post-révolutionnaire par bateau pour rejoindre Macao. À son arrivée, elle avait reçu l’aide de réfugiés vietnamiens.

La série phare de l’exposition, également intitulée « Flora Macanensis », se compose de sept affiches imprimées à la main, intégrant des éléments issus des archives textiles de la famille Sala.

Ce travail évoque l’œuvre historique « Flora Sinensis » de Michel Boym, jésuite polonais du XVIIᵉ siècle. Lors de sa visite en Pologne en 2016, le président chinois Xi Jinping avait surnommé Boym de « Marco Polo polonais ».

Une réception chaleureuse

Selon le journal portugais Jornal Tribuna de Macau, le vernissage et la conférence ont été salués par le public avec enthousiasme et décrits comme une « soirée magique » sur les réseaux sociaux par la MBPK. Pendant la conférence, les artistes ont également présenté leur collaboration avec Lam Sio Man à la Biennale de Macao 2023. Lam avait auparavant été curatrice du Pavillon de Macao à la Biennale de Venise en 2019.

Des œuvres entre histoire et fiction

Parmi les autres travaux exposés se trouve une série textile mêlant des éléments biographiques et historiques. Celle-ci retrace à la fois le parcours du père de Cheong, qui est arrivé en 1979 à la nage de Chine à Macao en quête d’une vie meilleure, et les récits de Michel Boym et de Maurice Benjowski, aventurier polonais du XVIIIᵉ siècle qui passa par Macao en 1771.

Les « Mémoires et voyages » de Benjowski, rédigés en français, n’ont été partiellement traduits en chinois qu’en 2014.

Cette série textile a été dévoilée pour la première fois au printemps 2024, lors de l’exposition du duo en Allemagne organisée par la Krakauer Haus (Maison de Cracovie), en collaboration avec la municipalité de Nuremberg et grâce au soutien de la Fundação Oriente du Portugal.

Des créations expérimentales

L’exposition présente également « Apocalypses », un mini-livre de science-fiction entièrement écrit dans une langue fictive, accompagné de traductions en français, polonais et d’autres langues. Commandée pour la Biennale de Macao en 2023, ce petit livre a été exposé à Berlin et à Lisbonne l’année dernière.

A l’occasion du vernissage, le duo a aussi montré la vidéo expérimentale « Pomnik do noszenia » (Le Monument Prêt-à-Porter), dans laquelle le navigateur portugais António de Abreu Freire relate brièvement sa rencontre avec le futur président polonais Lech Wałęsa au début des années 1980.

L’exposition « Flora Macanensis » est visible jusqu’au 28 février à la Bibliothèque municipale de Bogucice (Wajdy 21).

Photo Anna Kajzer/MBP w Katowicach

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