dimanche, juin 16

L’armée chinoise organise des exercices conjoints autour de l’île de Taiwan

L’Armée populaire de libération (APL) de Chine a lancé ce 23 mai un exercice militaire autour de l’île de Taiwan « dans le but de punir les forces sécessionnistes de ‘l’indépendance de Taiwan’ et d’envoyer un avertissement aux forces d’ingérence extérieures suite au mouvement séparatiste du leader régional de Taiwan, Lai Ching-te. discours inaugural le 20 mai », a indiqué le journal Global Times.

Le but est de démontrer la capacité de frappe de l’APL dans toutes les directions de l’île sans aucun angle mort, « créant une situation où l’île est coincée des deux côtés », ont déclaré les experts. Cette opération devrait durer jusqu’au 24 mai.

Un vaste dispositif

La Chine a déclenché le 23 mai à 07h45 ses plus grandes manœuvres militaires depuis une année dans le détroit en « punition sévère » contre les « forces indépendantistes », a déclaré un porte-parole du Théâtre Est de l’Armée Populaire de Libération (APL).

L’opération « Joint Sword 2024A » a déployé des avions et navires de combat autour de l’île dans de vastes manœuvres simulant un blocus du territoire de 23 millions d’habitants. Ces opérations visent à « tester les capacités de combat réel conjointes » impliquant la marine, l’armée de l’air et l’unité des fusées qui commande la puissante force de missile de l’APL.

Taipei a dénoncé un « comportement militaire provocateur » et fait décoller ses chasseurs en urgence, notamment de la base de Hsinchu, où sont postés des Mirage 2000, tout près de la capitale. « Il est regrettable de voir la Chine adopter un comportement militaire unilatéral et provocateur qui menace la démocratie et la liberté de Taïwan ainsi que la paix et la stabilité régionales », a déclaré Karen Kuo, porte-parole de la présidence taïwanaise, dans un communiqué. « Face aux défis et menaces extérieurs, nous continuerons à défendre la démocratie », a-t-elle souligné.

Cette démonstration de force intervient trois jours après l’arrivée à la tête de Taiwan de Lai Ching-te, élu en janvier 2024. Ces opérations sont clairement une mise en garde au nouveau dirigeant comme à ses soutiens occidentaux, dont les États-Unis.

Ces manœuvres militaires sont un « avertissement sévère contre l’ingérence des forces extérieures » a appuyé l’APL alors que l’administration Biden a approuvé 300 millions de dollars de ventes militaires à Taipei, à la veille du scrutin du 13 janvier dernier.

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La Chine accuse Lai Ching-te, qualifié par le passé de « dangereux séparatiste », d’avoir fait « aveu d’indépendance » lors de son discours d’investiture prononcé le 20 mai. Le chef de file du Parti Démocrate et Progressiste (PDP) a cependant évité de franchir cette «ligne rouge» lors de son allocution, se plaçant dans le droit fil de sa prédécesseur Tsai Ing-Wen.

Alors qu’il s’était présenté comme un « artisan de l’indépendance » par le passé, il a depuis décidé de modérer ses positions durant sa campagne électorale, promettant de défendre le statu quo dans le détroit, tout en résistant aux « menaces extérieures » en promouvant « la démocratie« .

« Punir les forces sécessionnistes »

La Chine multiplie les incursions aériennes dans la zone de défense aérienne Taïwanaise (ADIZ) depuis plusieurs années. Ses chasseurs et bombardiers franchissent régulièrement la ligne médiane du détroit depuis la venue à Taipei de Nancy Pelosi, alors Speaker de la chambre des représentants en août 2022.

Que s’est-t-il passé avant et après la visite de Nancy Pelosi ?

Or la Chine avait réduit ses activités ces derniers mois à l’approche de l’élection à Taiwan, pour ne pas effrayer les électeurs, et durant la période de passation du pouvoir. Toutefois, Pékin a scruté avec attention la première allocation publique du nouveau dirigeant.

Cependant, à la suite du discours de Lai Ching-te, la Chine a vivement critiqué les prises de position de ce dernier et lancé des opérations militaires. « Les exercices militaires actuellement menés par l’Armée populaire de libération autour de l’île de Taiwan visent à punir de manière résolue les déclarations provocatrices du dirigeant de la région de Taiwan », a assuré Chen Binhua, porte-parole du Bureau des affaires de Taiwan du Conseil des Affaires d’Etat, lors d’un point presse.

Ces manœuvres devraient être suivies par d’autres, selon les experts, car Pékin n’a pas changé sa stratégie et ses intentions vis-à-vis de sa 23ème province. « La victoire de Lai ne remet pas en cause la vision de Pékin. Au contraire, elle confirme au leadership que seule la menace militaire empêchera Taïwan de franchir le pas de l’indépendance. La pression va aller croissant », a indiqué à l’Agence France Presse, Shi Yinhong, professeur à l’Université Renmin, à Pékin.

De son côté, Taipei veille scrupuleusement les incursions dans ses eaux, notamment au large de l’île de Kinmen, située non loin des côtes du Fujian, où un incident entre ses garde-côtes et des pêcheurs chinois avait tué au moins deux d’entre eux en février dernier.

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Pour de nombreux spécialistes, le risque d’escalade militaire est jugé limité à court terme alors que la Chine tente de maîtriser sa rivalité avec Washington, dans un contexte de difficultés économiques intérieures grandissantes. « La Chine fait beaucoup de bruit, mais si l’on regarde ses actions on constate que la stabilisation avec les États-Unis reste la priorité », a estimé Shi Yinhong.

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