
Taiwan a affirmé que la Chine avait mobilisé 71 aéronefs et 21 navires de guerre lors de ses manœuvres autour de l’île, dont Pékin revendique la souveraineté.
Parmi les navires de guerre déployés se trouve le porte-avions Shandong, a indiqué le ministère taiwanais de la Défense lors d’une conférence de presse. L’armée chinoise a mobilisée le 1er avril des forces terrestres, navales et aériennes autour de Taïwan, pour des manœuvres militaires de grande ampleur simulant un blocus de l’île et visant à s’entraîner aux frappes de précision, selon les autorités chinoises.
Les forces armées chinoises «se rapprochent de l’île de Taïwan à partir de multiples directions», a déclaré Shi Yi, porte-parole du commandement du théâtre oriental de l’armée chinoise, décrivant les manœuvres comme «légitimes et nécessaires pour sauvegarder la souveraineté et l’unité nationale de la Chine».
«Ces exercices sont principalement axés sur les patrouilles de préparation au combat mer-air, l’acquisition conjointe d’une supériorité globale, l’assaut de cibles maritimes et terrestres et le blocus de zones clés et de voies maritimes», a indiqué le porte-parole.
Taipei réagit rapidement
Taipei a déclaré avoir dépêché ses propres avions et navires, et déployé des systèmes de missiles. La Défense taïwanaise a repéré 19 navires de guerre chinois autour de l’île entre le 31 mars et le 1er avril matin, dont un porte-avions, le Shandong – un nombre record depuis mai 2024, selon un comptage de l’Agence France Presse à partir de données officielles.
Ces nouvelles manœuvres visent à faire passer un message d’«avertissement ferme et de dissuasion énergique» aux présumés séparatistes de l’île, ont affirmé les forces armées chinoises.
L’objectif de ces exercices pour l’armée chinoise est de s’entraîner à des «frappes de précision multidirectionnelles» autour de l’île, selon un communiqué du commandement chinois qui supervise les opérations dans le détroit de Taïwan.
Les experts estiment que la Chine est plus susceptible de tenter un blocus de Taïwan que de lancer une invasion totale, qui serait plus risquée et nécessiterait un déploiement militaire massif.
L’expert militaire Su Tzu-yun, rallié à l’INSDR, un think tank rattaché au gouvernement, a indiqué que ces exercices semblent être de taille similaire aux manœuvres «Joint-Sword» menées en mai et octobre 2024.
Selon Lin Ying-yu de l’université de Tamkang, dans le nord de Taïwan, l’organisation d’exercices juste après la visite de Pete Hegseth dans la région montre que la Chine mettait l’administration Trump à l’épreuve. «La Chine veut tester les résultats des États-Unis avant un sommet Trump-Xi par le biais d’exercices militaires», a déclaré Lin Ying-yu à l’Agence France Presse.
L’indépendance non tolérée
Le dirigeant taïwanais Lai Ching-te a qualifié le mois dernier la Chine de «force étrangère hostile» et proposé de nouvelles mesures pour lutter contre l’infiltration et l’espionnage chinois.
Le 1er avril, au moment même des manœuvres, la diplomatie chinoise a affirmé que les initiatives en faveur de l’indépendance de Taïwan étaient «vouées à l’échec».
Un porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises de Pékin a aussi averti que «l’indépendance de Taïwan (signifiait) la guerre», et que la promouvoir revenait à pousser les Taïwanais «vers une situation périlleuse de conflit armé».
Ces manœuvres sont les plus importantes depuis février, lorsque Taipei avait affirmé que la Chine avait organisé des exercices de «tirs à balles réelles» avec des avions et des navires de guerre.
Le gouvernement a dénoncé une «exagération» de la part de Taïwan face à ce qu’il décrivait comme un «entraînement de routine». Taïwan est un des points de tension majeurs entre la Chine et les États-Unis, le principal soutien politique de Taipei et son premier fournisseur d’armes.