Dmytro Kouleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, va effectuer du 23 au 25 juillet une visite en Chine, qui est l’un des plus proches alliés de la Russie. Ce déplacement vise à discuter des moyens de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou.
Deux ans après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la paix peine à pointer le nez. Pour faire avancer les pourparlers, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, sera en visite en Chine, alliée de Moscou, pour deux jours à partir du 23 juillet.
« Le principal sujet de discussion va être la recherche de moyens pour arrêter l’agression russe et le rôle de la Chine pour arriver à une paix durable et juste », a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Pour l’Ukraine, la Chine a rôle important dans ce conflit, en raison de son « double-jeu« . D’un côté, elle est un alliée de premier plan de la Russie, les deux pays étant unis dans leur rivalité face aux Occidentaux. Le président chinois Xi Jinping n’a jamais condamné l’invasion russe, ce que lui reprochent les Occidentaux.
De l’autre, la Chine défend aussi le principe de l’intégrité territoriale des États, ce qui inclut donc l’Ukraine. Une position contraire à celle de la Russie, qui exige à Kiev de lui céder les cinq régions qu’elle occupe totalement ou partiellement.
Interrogé sur cette visite de Dmytro Kouleba en Chine, le Kremlin a indiqué que « pour nous, le plus important sont nos relations avec la Chine », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine. Ce dernier a mit en avant les très bons rapports et le partenariat stratégique entre les deux pays.
Les Occidentaux fustigent la position de la Chine
Cette position ambigüe de la Chine est vue d’un mauvais œil par les Occidentaux qui ont fait part de leurs « profondes préoccupations » face au rapprochement entre la Russie et la Chine et dénoncé le soutien de Pékin à l’effort de guerre russe en Ukraine lors d’un sommet à Washington mi-juillet.
La Chine « joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine« , ont-ils déclaré, appelant la Chine, « en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU (…) à cesser de soutenir matériellement et politiquement l’effort de guerre russe ».
La Chine « ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation », ont-ils ajouté.
Cependant, la Chine ne livre pas directement d’armes à la Russie, mais les pays alliés, États-Unis en tête, accusent les entreprises chinoises de fournir des composants et des équipements pour le secteur de l’armement russe. Des allégations démenties par Pékin.
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Plus globalement, la Chine a dénoncé les propos tenus par les Occidentaux. « L’Otan devrait cesser de faire du tapage sur une soi-disant menace chinoise, cesser d’inciter à la confrontation et à la rivalité, et contribuer davantage à la paix et à la stabilité dans le monde », a déclaré la mission chinoise auprès de l’Union européenne, dénonçant des propos « remplis » de « calomnies ».
Trouver la paix entre russe et ukrainien
La Chine a rappelé qu’elle a toujours appelé à des pourparlers de paix au sujet de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ainsi, en février 2023, elle avait présenté un plan de paix pour l’Ukraine, qui n’a pas poussé Moscou et Kiev à reprendre les discussions.
Lors du premier sommet sur la paix, organisé mi-juin en Suisse, la Chine avait en revanche décidé de ne pas participer car Moscou n’avait pas été conviée, ce qui a été déploré par certains pays. « Il faudra trouver une méthode permettant » à la Russie et à la Chine « de se joindre à ces délibérations », avait déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo.
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Cette méthode pourrait être mise en place en novembre 2024, car le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite présenter un « plan » pour « une paix juste ». « J’ai fixé comme objectif qu’en novembre nous ayons un plan entièrement préparé » pour pouvoir organiser le sommet, a-t-il indiqué la semaine dernière.
Il s’est également déclaré favorable à la présence de représentants russes lors de ce deuxième sommet. Il s’agit d’une première, car le dirigeant ukrainien a émis l’idée de discussions avec la Russie, sans retrait russe préalable de son territoire.
Auparavant, il avait assuré ne pas vouloir discuter avec tant que Vladimir Poutine serait au pouvoir et avait même signé un décret rendant illégales des négociations avec Moscou.
De son côté, le Kremlin, interrogé une nouvelle fois le 22 juillet sur la perspective d’une participation de la Russie au sommet voulu pour Volodymyr Zelensky, est resté évasif. « Nous ne pouvons pas juger pour le moment de ce qu’il y a de concret derrière les mots » du président ukrainien, a indiqué Dmitri Peskov.