Les dirigeants du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis se sont réunit du 13 au 15 juin dans le sud de l’Italie et ont abordé le 14 juin la nécessité de protéger leurs industries nationales contre la surcapacité de la Chine sans provoquer de guerre commerciale avec Pékin. Ils ont également discuté du soutien présumé de la Chine à l’expansion militaire de la Russie.
Les dirigeants du Groupe des Sept ont souligné que la Chine avait occupé une place importante dans les différentes discussions du sommet du G7 de cette année en Italie, tant sur des questions de surcapacité industrielle, de guerre en Ukraine, que concernant les investissements en Afrique, l’économie ou encore la sécurité dans la région Indo-Pacifique.
Surcapacité de l’industrie chinoise
Les discussions se sont axées sur les préoccupations relatives à la surcapacité industrielle de la Chine, qui, pour les Occidentaux, déséquilibre le commerce mondial et impacte la compétitivité des entreprises occidentales, notamment dans le secteur des technologies vertes.
Les États-Unis, le Japon et l’Union européenne — qui participe aux sommets du G7 en tant que 8ème partenaire non officiel — ont fait part leurs inquiétudes face à la « surcapacité industrielle » de la Chine.
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La Chine représente seulement 17% du PIB mondial, elle génère un tiers de la production manufacturière mondiale, soit plus que l’ensemble des pays du G7. Pourtant les pays du G7 cherchent à freiner sa progression et à savoir « comment calibrer et coordonner leur réponse », a indiqué un haut fonctionnaire de l’UE.
« La principale préoccupation que nous partageons avec les États-Unis et le Japon est la question de la surcapacité », a-t-il ajouté. D’ailleurs, Bruxelles a renforcé la pression sur Pékin, en annonçant de nouveaux droits de douane allant jusqu’à 38,1% sur les véhicules électriques fabriqués en Chine qui,
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Ainsi l’UE menace d’imposer des droits de douane supplémentaires allant jusqu’à 38,1% sur les voitures électriques produites en Chine à partir du 4 juillet, car selon elle, bénéficient de subventions injustes déstabilisant les marchés.
En réaction, le gouvernement chinois à menacer de « prendre toutes les mesures nécessaires » pour défendre ses entreprises. Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que « l’allégation de ‘surcapacité de la Chine’ par le G7 n’est étayée ni par les faits ni par les lois de l’économie. Elle n’est qu’une excuse pour le protectionnisme et sape les efforts mondiaux en faveur d’une transition verte et à faible émission de carbone et de la coopération en matière de lutte contre le changement climatique ».
Le G7 est selon lui le véritable responsable de la « coercition économique, car il continue à politiser et à militariser le commerce, ce qui constitue un revirement par rapport à notre monde globalisé où les intérêts des pays sont déjà profondément intégrés », a précisé le porte-parole de la diplomatie chinoise.
« Nos actions sont fondées sur des faits et des chiffres concrets et sont adaptées pour contrer les conséquences des subventions — nous ne fermons pas notre marché ; nous accueillons la concurrence, tant qu’elle repose sur des conditions équitables », a expliqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aux autres chefs d’État et de gouvernement du G7.
D’après les notes de discours de Ursula von der Leyen, les pays du G7 devraient renforcer leur coordination, s’engager avec les pays tiers sur cette question et trouver des réponses « ciblées et proportionnées ». « Notre objectif est […] d’amener Pékin à rectifier sa trajectoire et à s’attaquer aux problèmes à la racine« , a-t-elle expliqué.
Or le 13 juin, la Commission européenne a rejeté les accusations des entreprises chinoises selon lesquelles elle avait abusé de ses pouvoirs juridiques au cours de son enquête sur les subventions allouées au secteur des véhicules électriques produits en Chine.
Selon Euractiv, des fonctionnaires européens ont reconnu en privé que la mesure de l’UE concernant les droits de douane risque d’entraîner des représailles de la part de la Chine, qui a promis d’agir pour protéger ses intérêts.
De leurs côtés, les responsables américains ont ces derniers mois multiplié les mises en garde contre les exportations chinoises d’énergie propre. Washington a également augmenté ses droits de douane sur les produits chinois issus de ce secteur, y compris un droit de 100% sur les véhicules électriques vendus sur le marché américain.
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Concernant les droits de douane de l’UE sur les véhicules électriques produits en Chine, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré que « nous saluons cette action (des Européens, ndlr), qu’ils ont mise en œuvre après une enquête approfondie, pour lutter contre les pratiques commerciales déloyales de la Chine et le secteur des véhicules électriques ».
« Nous pensons que ce type d’alignement [des politiques commerciales de l’UE et des États-Unis] est ce sur quoi nous cherchons à nous appuyer pour créer des conditions équitables pour nos travailleurs et nos entreprises », a-t-il ajouté.
Restrictions de la Chine sur les exportations de minerais
Les dirigeants du G7 ont évoqué les récentes restrictions imposées par la Chine aux exportations de minerais tels que le gallium, le germanium et le graphite, indispensables au secteur des télécommunications et à la fabrication des véhicules électriques notamment.
Selon les responsables occidentaux, les restrictions imposées par la Chine menaceraient les chaînes d’approvisionnement internationales. Ils Craignent également d’autres restrictions de Pékin sur d’autres matériaux, dont les terres rares, nécessaires à l’électronique.
Les dirigeants du G7 ont aussi convenu d’intensifier la coordination de la sécurité économique, dont les discussions ont débuté en 2023 à l’initiative du Premier ministre japonais, Fumio Kishida.
Soutien présumé de la Chine à la Russie
Les pays du G7 ont cherché à apporter une réponse commune au soutien présumé de la Chine à l’effort de guerre russe en Ukraine et aux accusations selon lesquelles Pékin aide secrètement Moscou à accroître les capacités de ses forces armées.
« Le soutien continu de la Chine à la base industrielle de défense de la Russie a des implications significatives et étendues en matière de sécurité », est indiqué dans une première ébauche de déclaration finale du sommet consultée par Euractiv.
Les États-Unis ont imposé de nouvelles sanctions aux entreprises basées en Chine qui fournissent à la Russie des semi-conducteurs susceptibles d’alimenter sa machine de guerre.
Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, avait alors déclaré que « les interactions économiques et commerciales normales entre la Chine et la Russie ne devraient pas être utilisées comme un outil pour dénigrer et contenir la Chine ».
De son côté, le président américain Joe Biden, a assuré que « la Chine ne fournit pas d’armes [à la Russie], mais la capacité de produire ces armes et la technologie disponible pour le faire — elle aide donc en fait la Russie ».
Le G7 a « convenu de prendre des mesures collectives » contre le rôle de la Chine qui fournit au Kremlin « les matériaux nécessaires à sa machine de guerre », a-t-il poursuivi après avoir signé un pacte de sécurité bilatéral avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Volodymyr Zelensky a également affirmé qu’il s’était entretenu par téléphone en mai 2024 avec son homologue chinois Xi Jinping, qui lui a « donné sa parole » qu’il ne vendrait pas d’armes à la Russie.
Les dirigeants du Groupe des Sept sont parvenus à un accord politique pour fournir à l’Ukraine un méga-prêt de 50 milliards de dollars en utilisant futurs intérêts générés par les actifs russes gelés par l’UE et les pays du G7. Cependant, certains aspects de l’entente restent encore flous.