
Les propriétaires et armateurs de navires fabriqués en Chine vont devoir payer de nouveaux frais lorsqu’ils accosteront dans les ports américains. Cette mesure doit entrer en vigueur dans 180 jours et les montants doivent augmenter progressivement.
Les navires concernent les propriétaires et opérateurs chinois de navires non fabriqués en Chine, a précisé le 17 avril le représentant au commerce de la Maison Blanche (USTR) dans un communiqué.
Ces frais seront facturés par visite aux États-Unis et un maximum de cinq fois par navire et par an. L’USTR a également indiqué une tarification spécifique pour les navires fabriqués à l’étranger transportant des véhicules, qui doit aussi entrer en vigueur dans 180 jours. De plus, des mesures vont concerner les navires transportant du gaz naturel liquéfié (GNL).
«L’USTR a pris aujourd’hui une mesure ciblée pour restaurer la construction navale américaine et pour réagir face aux actions, politiques et aux pratiques déraisonnables de la Chine pour dominer les secteurs maritimes, logistiques et de la construction navale», a relevé le communiqué.
L’ancien président Joe Biden avait chargé en 2024 l’USTR d’enquêter pour mettre à jour «les pratiques déloyales de la Chine dans les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique».
Cette enquête a été maintenue par son successeur Donald Trump, qui a également annoncé début mars la création d’un Bureau de la construction navale devant être rattaché à la Maison Blanche.
Dominante après la Seconde Guerre mondiale, l’industrie navale américaine a reculé et ne représente plus que 0,1% de la construction navale au niveau mondial, désormais dominée par l’Asie, avec la Chine qui construit près de la moitié des navires mis à l’eau, devant la Corée du Sud et le Japon. Les trois pays asiatiques représentent plus de 95% des navires civils construits, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).
Une guerre commerciale ardue
Cette annonce intervient en pleine guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, via des droits de douane. «Les navires et le commerce maritime sont cruciaux pour la sécurité économique américaine et pour la circulation libre du commerce», a indiqué Jamieson Greer, représentant de la Maison Blanche au Commerce (USTR).
Ce dernier a précisé que l’objectif était «de renverser la domination chinoise, de régler les menaces pesant sur la chaîne d’approvisionnement des États-Unis et d’envoyer un message pour la demande en navires de fabrication américaine».
Les États-Unis prévoient donc, dans 180 jours, de faire payer aux navires fabriqués en Chine 18 dollars par tonne nette – ou 120 dollars par conteneur -, avec une hausse de cinq dollars par an pendant les trois années suivantes.
Cette hausse sera «proportionnelle» pour la facturation par conteneur et atteindra, par exemple, 154 dollars la deuxième année. Concernant les navires détenus ou opérés par des Chinois mais non fabriqués en Chine, l’USTR a prévu 50 dollars par tonne nette avec une hausse annuelle de 30 dollars supplémentaires pendant les trois années suivantes.
De plus, pour «inciter» à la fabrication aux États-Unis de navires de transport de véhicules, tous ceux sortis de chantiers navals non américains devront payer à partir de 150 dollars par «Car Equivalent Unit» (CEU). Cette mesure doit aussi commencer dans 180 jours.
Enfin, pour stimuler la fabrication américaine de navires de transport de GNL, des «restrictions» non précisées vont être mises en place dans trois ans sur ceux de fabrication étrangère. Elles «augmenteront graduellement pendant 22 ans», a précisé l’USTR.
Cependant, si l’opérateur, ou le propriétaire, d’un navire lié à la Chine peut «prouver» une commande pour un navire équivalent fabriqué aux États-Unis, les frais et restrictions «seront suspendus pour trois ans maximum».
Les fédérations américaines d’une trentaine de secteurs d’activité avaient évoqué en mars leurs inquiétudes vis-à-vis des risques encourues avec de telles mesures sur les prix des produits importés.
Certes, ces mesures «profiteront à l’industrie navale» mais «de nombreux secteurs seront touchés, et dans plusieurs cas très fortement», ont-elles relevé, citant notamment le secteur agricole, des services des différents secteurs industriels, sans pour autant chiffrer l’impact.