vendredi, août 30

Les Etats-Unis menacent leurs alliés si ils ne barrent pas la route à la Chine

Depuis la mi-juin, les États-Unis font pression sur les Pays-Bas et le Japon pour qu’ils restreignent davantage les équipements de fabrication de puces à la Chine.

Un responsable américain s’est rendu au Japon après avoir rencontré le gouvernement néerlandais afin de pousser les alliés à restreindre davantage la capacité de la Chine à produire des semi-conducteurs de pointe, a déclaré à l’agence de presse Reuters une personne proche du dossier.

Lire aussi : Accord entre les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Japon dans les puces : la Chine dénonce

Alan Estevez, responsable américain de la politique d’exportation, a tenté de s’appuyer sur un accord conclu en 2023 entre les trois pays pour empêcher la Chine de produire des équipements de fabrication de puces susceptibles de moderniser l’armée américaine.

Les États-Unis ont imposé pour la première fois en 2022 des restrictions importantes sur les livraisons de puces et d’équipements de fabrication de puces avancés à la Chine, via des entreprises telles que Nvidia et Lam Research, basées en Californie.

En juillet 2023, pour s’aligner sur la politique américaine, le Japon, où se trouvent les fabricants de puces Nikon Corp et Tokyo Electron, a limité les exportations de 23 types d’équipements.

Lire aussi : Semi-conducteurs : les restrictions japonaises vont pousser la Chine «à devenir autonome»

Par la suite, les Pays-Bas ont commencé à réglementer les équipements de semi-conducteurs à ultraviolet profond (DUV) de la société néerlandaise ASML allant vers la Chine. Tandis que les États-Unis ont imposé des restrictions sur d’autres machines DUV destinées à une poignée d’usines chinoises, se déclarant compétents parce que les systèmes d’ASML contiennent des pièces et des composants américains. ASML est le premier fabricant mondial d’équipements pour puces.

Washington discute actuellement avec ses alliés de l’ajout de 11 autres usines chinoises de fabrication de puces à une liste restreinte, a déclaré cette personne. Cinq usines figurent actuellement sur cette liste, dont SMIC, le plus grand fabricant chinois de puces.

Les États-Unis affirment également vouloir contrôler d’autres équipements de fabrication de puces, a ajouté cette personne. Un porte-parole du ministère néerlandais des affaires étrangères a confirmé à Reuters qu’une réunion avait eu lieu dans le cadre des discussions en cours sur la politique d’exportation et la sécurité entre les États-Unis et les Pays-Bas.

Les Pays-Bas « entretiennent toujours des contacts continus avec leurs alliés », a-t-il déclaré. Des fonctionnaires américains se sont également rendus aux Pays-Bas en avril 2024 pour tenter d’empêcher ASML de réparer certains équipements en Chine. Selon les règles américaines, les entreprises américaines ne peuvent pas assurer la maintenance des équipements dans les usines chinoises de pointe.

Les Etats-Unis veulent aller jusqu’à sanctions ses alliés

Le gouvernement américain menace d’imposer les restrictions commerciales sévères, si ses alliés comme le Japon et les Pays-Bas ne prennent eux-mêmes pas des mesures plus strictes pour maintenir leurs technologies de puces les plus sophistiquées hors de portée des Chinois.

Selon l’agence de presse Bloomberg, Washington souhaite que ces pays renforcent leurs mesures contre la Chine, via les principaux fabricants de machines à puces, Tokyo Electron et ASML.

Les Etats-Unis veulent que la Chine n’ait plus accès aux technologies de puces les plus avancées, afin de freiner son évolution technologique et ainsi reprendre le leadership du secteur.

Pour cela, les Américains envisagent d’invoquer la règle appelée FDPR (Foreign Direct Product Rule), qui leur permet d’introduire des restrictions sur tous les produits contenant de la technologie américaine, même s’ils sont entièrement fabriqués à l’étranger.

Le gouvernement américain souhaite que ses alliés, qui ont déjà restreint la livraison de certaines technologies de puces, limitent également la maintenance et les réparations des équipements de pointe déjà présents en Chine.

La Chine appelle les pays à résister à la coercition économique des Etats-Unis

Le ministère chinois du Commerce a appelé le 19 juillet les pays concernés à résister à la coercition économique des Etats-Unis dans le secteur des semi-conducteurs.

D’après le ministère, la Chine espère que le Japon et les Pays-Bas « respecteront les principes du marché et l’esprit de leurs contrats, résisteront à la coercition économique des Etats-Unis et travailleront ensemble pour préserver la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales ».

« Le secteur des semi-conducteurs est fortement mondialisé après des décennies de croissance, et c’est le résultat de la loi du marché et des choix faits par les entreprises », a noté le porte-parole.

Selon le ministère, pendant de nombreuses années, les Etats-Unis ont régulièrement outrepassé le concept de sécurité nationale, abusé des mesures de contrôle des exportations, divisé délibérément le marché mondial des semi-conducteurs et se sont ingérés sans raison dans les échanges économiques et commerciaux normaux entre les entreprises d’autres pays.

« La Chine s’est toujours fermement opposée à ces pratiques, qui s’écartent gravement des principes du libre-échange et des règles commerciales multilatérales, et qui ont un impact sur la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales », a ajouté le porte-parole.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *