mardi, septembre 10

Liang Qichao, 150ème anniversaire de l’intellectuel réformiste

Liang Qichao, né en 1873 et mort en 1929, est la figure de proue des lettrés réformistes de la dynastie Qing (1644 – 1911). Connu également sous le prénom social de Zhuoru, il utilise plusieurs pseudonymes dont l’un des plus connus revient sans doute à Zhongguo zhi xinmin中國之新民 (Nouveau peuple chinois), Nouveau citoyen de Chine, en français.

En février 2024, une exposition lui a été consacré, intitulée « Le nouveau citoyen de Chine : exposition commémorative du 150e anniversaire de Liang Qichao », au Musée d’art de l’Université Tsinghua. Elle a retracé la vie de Liang Qichao, et de la transition vers la modernité de la Chine.

Pour Liang Qichao, « le concept constitue un des fondamentaux d’une Chine indépendante pour qu’elle puisse peser sur la scène internationale, car un nouveau citoyen de Chine ne suit pas aveuglément le modèle occidental, et ne s’enferme pas non plus dans ses vieilles idées », a écrit Chine-Info.

Penseur, homme politique, historien, universitaire, écrivain et journaliste, Liang Qichao est l’un des initiateurs de la Réforme des Cent jours lancée entre le 11 juin et le 21 septembre 1898, des mouvements de la « Nouvelle histoire » et de la « Nouvelle justice« .

Après l’échec de la Réforme des Cent Jours, la première réforme institutionnelle de l’Empire chinois, il s’enfuit au Japon, où il vit pendant 14 ans. Au Pays du Soleil levant, Liang Qichao a beaucoup lu les œuvres occidentales traduites par les penseurs japonais de l’époque Meiji, selon Felix Jun Ma, Maître de conférences en histoire et civilisation chinoises, Université Paul-Valéry Montpellier 3 et Docteur en Histoire et civilisations à l’EHESS.

« Il les a ensuite réécrites ou retraduites en mandarin, introduisant ainsi les nouveaux concepts occidentaux en chinois. Il rentre en Chine en 1912, au lendemain de l’effondrement de la dernière dynastie Qing, l’année où la République est fondée. Durant les premières années de la République, il participe activement à la vie politique chinoise, avant de la quitter, pour se consacrer à des études érudites sur l’histoire et la culture chinoises. Il meurt en 1929« , a écrit le chercheur, auteur de « Liang Qichao et la notion de ‘liberté’ : sources chinoises, japonaises et européennes ».

Lors de ce 150ème anniversaire, Du Pengfei, commissaire de l’exposition et vice-directeur exécutif du Musée d’art de l’Université Tsinghua, a expliqué que Liang Qichao était « une personnalité importante dans l’histoire moderne chinoise ».

L’exposition vise à « plonger dans la transition vers la modernité de la Chine », elle « retrace de manière chronologique sa vie ainsi que ses engagements dans la rénovation de la civilisation chinoise. Elle se divise en quatre chapitres – la nation, le nouveau citoyen, les études nationales et la vocation -, et compte en total 114 objets dont des manuscrits, et des photos de Liang Qichao ».

« Le titre de l’exposition désigne en premier lieu Liang Qichao lui-même, car c’est aussi l’un de ses pseudonymes. De manière plus globale, ‘le nouveau citoyen de Chine’ est aussi un des appels qu’il a lancés à la population chinoise de son époque, ce qui constitue également la ligne directrice de l’exposition », a indiqué Du Pengfei.

Lors d’un interview, Du Pengfei a répondu aux questions :

« Quelles pensées de Liang Qichao nous inspirent toujours aujourd’hui ? » :

Liang Qichao s’est engagé dans plusieurs domaines. Mais il est avant tout penseur, portant des idées novatrices et révolutionnaires. Notre exposition choisit de rendre hommage à ses contributions dans la sphère académique. Contrairement à beaucoup de ses confrères, il a mené des recherches avec beaucoup de conviction. S’il a lancé les guoxue, en français études nationales, c’est qu’il est convaincu que la discipline représente l’essence culturelle qui rend une nation indépendante. Une idée aussi visionnaire que précieuse. Beaucoup de ses idées inspirent encore les Chinois d’aujourd’hui. Les valeurs familiales, ainsi que ses attachements à la patrie sont au cœur de l’exposition. Tout d’abord, sur le plan de l’éducation familiale, il jouit d’une bonne réputation – tous ses enfants ont réussi brillamment leurs études et carrière. Les études nationales, chères à Liang Qichang, consistent à analyser et comprendre les caractères spécifiques chinois pour faire rayonner l’empire du Milieu sur la scène internationale. D’ailleurs, l’indépendance de l’esprit et la quête de la vérité, mises en valeur par Liang Qichao, sont essentielles pour les jeunes d’aujourd’hui. « Sans être maîtres de notre propre destin, on n’y parvient à rien », comme il l’a dit.

« Dans quelle mesure Liang Qichao a-t-il servi de passeur entre Orient et Occident ? »

L’exposition tient à faire entendre la voix qu’il portait dans les échanges entre Orient et Occident. À travers une série de photos, on suit le voyage de Liang Qichao en Europe, en décembre 1918. Avec six autres personnes, il a voulu discuter, en tant que citoyen et intellectuel influent chinois, avec les pays européens pour obtenir leur soutien à la rétrocession du Shandong, ancienne colonie allemande, à la Chine. L’objectif de son voyage est double : élargir son champ de vision pour voir de près comment « cette tragédie historique se termine », et faire montre la revendication et la position de la Chine pour défendre les intérêts nationaux. De retour en Chine, il a écrit Chronique de mon voyage en Europe, un livre qui vise à observer la Chine à travers le prisme mondialiste. Selon lui, « le patriotisme consiste à mettre en valeur aussi bien la nation que les individus et le reste du monde. Nous devons permettre aux individus de déployer librement leurs talents pour contribuer au progrès humain. » Des idées qui s’avèrent constructives même pour les Chinois d’aujourd’hui.

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