dimanche, juin 16

Mort de deux chinois en mer : Pékin accuse Taïwan de vouloir « dissimuler la vérité »

La Chine a accusé le 14 février Taïwan de chercher à « dissimuler la vérité » sur l’incident mortel survenu la semaine dernière en mer. À la suite d’une course-poursuite avec les garde-côtes taïwanais, un bateau chinois a chaviré, provoquant la mort de deux des quatre pêcheurs à son bord. Depuis, les versions divergent entre la Chine continentale et Taiwan sur les circonstances de ce drame.

Le 14 février, un bateau de pêche chinois se trouvant non loin des îles Kinmen a été pris en chasse par les garde-côtes taïwanais car il avait, selon eux, pénétré dans des eaux du territoire insulaire qui leur étaient interdites. Les quatre pêcheurs à son bord sont ensuite tombés à l’eau et deux d’entre eux ont perdu la vie. Les survivants ont été interpellés puis amenés à Kinmen. Ils sont depuis revenus en Chine continentale le 21 février.

La Chine et Taïwan s’accusent mutuellement depuis sur les circonstances de l’accident. « Pour diverses raisons, les autorités taïwanaises cherchent à se soustraire à leurs responsabilités et à dissimuler la vérité sur l’incident », a accusé Zhu Fenglian, une porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises, le 21 février.

« Nous demandons solennellement aux parties concernées à Taïwan de faire part de la réalité des faits au plus vite », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Version contre version

Les autorités taïwanaises ont assuré que leurs garde-côtes avaient agi dans la légalité. Mais un des deux rescapés a assuré à un média d’État chinois que le bateau de pêche avait chaviré après avoir été percuté par le navire taïwanais.

« Nous condamnons fermement la brutalité de la partie taïwanaise envers les pêcheurs du continent. Nous condamnons fermement la malveillance de la partie taïwanaise », a déclaré Zhu Fenglian. « Nous exprimons également notre vive indignation face aux paroles et aux actes empreints d’inhumanité et d’indifférence de la part de la partie taïwanaise depuis l’incident », a assuré cette dernière.

De son côté, le dirigeant de Taïwan, Lai Ching-te, a déclaré appuyer « une application stricte de la loi » par les garde-côtes de l’île, tout en espérant éviter que ne se reproduise une « situation similaire ». Ce dernier a dit espérer que les conséquences de l’incident pourront être « gérées correctement », selon Wu Cheng, porte-parole du Parti démocrate progressiste (PDP) au pouvoir.

Cependant après cet incident naval, la Chine a annoncé renforcer ses patrouilles dans les eaux taïwanaises. D’ailleurs le 19 février, des garde-côtes chinois sont brièvement montés à bord d’un bateau de croisière taïwanais pour contrôler les coordonnées du capitaine et des passagers.

Des tensions extrêmes

La députée de Kinmen Chen Yu-jen a déclaré que les garde-côtes chinois avaient arraisonné un navire de croisière taïwanais, après qu’il eut navigué « sur environ un kilomètre dans les eaux chinoises ».

« Lorsque les relations entre les deux parties étaient relativement pacifiques, nous n’arraisonnions pas les bateaux de l’autre (…) C’est parce qu’à l’époque, il y avait un accord tacite et que les deux parties ne prenaient pas de mesures plus sévères », a-t-elle déclaré aux journalistes. Mais aujourd’hui, alors que les relations entre les deux rives se sont tendues, la députée a exhorté les bateaux de touristes et les pêcheurs taïwanais à rester dans leurs eaux.

L’incident risque d’envenimer des relations déjà très tendues entre Pékin et Taipei. La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Les relations Pékin-Taipei sont tendues depuis 2016 et l’élection de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, du Parti démocrate progressiste (DPP), favorable à l’indépendance. L’élection en janvier 2024 de son successeur Lai Ching-te, du même parti, a depuis encore davantage tendu les relations bilatérales.

Or le 20 février, le Premier ministre taïwanais Chen Chien-jen a déclaré que la Chine continentale et Taiwan connaissaient les « zones maritimes restreintes et interdites » depuis 1992. « Nous continuerons à protéger ces zones maritimes afin de garantir la sécurité dans nos eaux territoriales et les droits de nos pêcheurs », a-t-il déclaré à la presse devant le Parlement taïwanais.

« Nous espérons que les deux parties pourront être rationnelles, équitables et coopérer pour assurer la sécurité des eaux de Kinmen-Xiamen afin que les populations des deux côtés du détroit puissent dialoguer de manière saine et ordonnée », a-t-il ajouté.

Le ministre taïwanais de la Défense a de son côté indiqué que l’armée ne s’impliquerait pas, laissant aux garde-côtes le soin de surveiller les eaux autour de Kinmen, « parce que nous voulons éviter une guerre ». « Si nous intervenons, le conflit s’aggravera, ce que nous ne souhaitons pas », a déclaré Chiu Kuo-cheng lors d’un point presse. « Réglons la question de manière pacifique », a-t-il insisté.

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