
La cession de la filiale américaine de TikTok exige l’autorisation de ByteDance et des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente.
Le président américain Donald Trump a rapporté le 6 avril que la Chine avait fait capoter un projet d’accord avec les États-Unis sur la vente du réseau social TikTok, en raison des nouveaux droits de douane imposés par Washington.
«Si je leur avais donné une petite baisse de droits de douane, ils auraient approuvé l’accord en 15 minutes», a déclaré Donald Trump lors d’un point presse à bord de l’avion présidentiel Air Force One. «Ça vous montre la puissance des droits de douane, non?»
Une loi votée en 2024 par le Congrès américain impose au chinois ByteDance de céder le contrôle de Tiktok sous peine d’interdiction aux États-Unis.
Report de l’interdiction de TikTok
Donald Trump a annoncé début avril qu’il reportait de 75 jours supplémentaires la date limite fixée pour la vente du réseau social TikTok, car «la transaction nécessite davantage de travail» même s’il estime avoir «fait beaucoup de progrès» dans ce dossier.
Le président américain avait déjà reporté une première fois, de 75 jours fin janvier, l’entrée en vigueur d’une loi votée en 2024 par le Congrès et qui impose à la maison mère du réseau social, ByteDance, d’en céder le contrôle à une entreprise américaine sous peine d’interdiction aux États-Unis.
Ce texte visait à empêcher les autorités de mettre la main sur des données personnelles d’utilisateurs de TikTok aux États-Unis ou ne soient en mesure d’influencer l’opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social, même si aucun élément n’a jamais été produit pour justifier ces craintes. L’échéance est désormais déplacée au 19 juin.
La cession nécessite le feu vert de ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n’ont, ni l’une, ni l’autre, validé jusqu’à présent l’idée même d’une vente. «Nous espérons poursuivre, dans un esprit constructif, notre travail avec la Chine qui, de ce que j’entends, n’est pas ravie des droits de douane réciproques» qu’a imposés au pays Donald Trump, a écrit le chef de l’État dans un message posté sur son réseau Truth Social, début avril.
34% de taxes
Cette nouvelle taxe de 34% s’ajoute, dans le cas de la Chine, aux 20% déjà en vigueur, ce qui porte le total à 54%. Ces droits de douane sont «nécessaires pour des échanges justes et équilibrés entre Chine et États-Unis». La Chine a riposté et annoncé vendredi la mise en place d’une taxe de 34% sur les produits américains importés dès le 10 avril.
«Nous ne voulons pas que TikTok disparaisse», a indiqué Donald Trump, qui après avoir tenté de forcer la cession de la plateforme en 2020, s’est posé, depuis la dernière campagne présidentielle américaine, en sauveur du réseau social aux 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis.
«Nous sommes impatients de travailler avec TikTok et la Chine pour finaliser cette opération», qui «nécessite davantage de travail pour s’assurer de la signature de tous les accords nécessaires», a décrit l’ancien promoteur immobilier.
Selon plusieurs médias américains, des discussions sont en cours, avec comme scénario central la scission de TikTok de sa maison mère. Les actionnaires de ByteDance auront des actions de cette nouvelle entité à concurrence de leur participation actuelle dans le géant chinois.
Selon la société TikTok, environ 60% du capital de ByteDance est aux mains d’investisseurs non chinois, ce qui reviendrait à ce que la plateforme vidéo ne soit plus contrôlée majoritairement par une entreprise chinoise, principale exigence du Congrès.
Si ce scénario l’emportait, il écarterait tout paiement et éviterait aussi l’entrée au capital d’un ou plusieurs prétendants qui se sont manifestés ces derniers mois pour racheter TikTok.
Cette liste comprend notamment le «Project Liberty» de l’entrepreneur Frank McCourt, propriétaire de l’Olympique de Marseille, le YouTubeur MrBeast ou la startup d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI.
Ces derniers jours, se sont aussi manifestés, selon des médias américains, Amazon et Walmart, qui avait présenté, en 2020, une offre conjointe avec Microsoft pour racheter TikTok, proposition restée lettre morte.
Quelques acteurs américains, notamment le spécialiste de l’informatique à distance (cloud) Oracle, qui héberge déjà les serveurs de TikTok aux États-Unis, ou la société d’investissement Blackstone, pourraient prendre une participation minoritaire, selon des médias américains.
Mais l’enjeu est tout autant financier que technologique avec, au centre du dossier, le fameux algorithme de recommandation de TikTok, considéré comme le meilleur au monde parmi tous les réseaux sociaux, ce qui explique la popularité de l’application.
C’est le contrôle de ce programme par une entité chinoise que voulait mettre fin le Congrès, qui craignait que des données d’utilisateurs américains puissent être remontées aux autorités chinoises. Le New York Times a suggéré que la nouvelle entité pourrait obtenir une licence auprès de ByteDance pour l’exploiter.