Un couple d’artistes, l’un originaire de Macao et l’autre de Pologne, aborde l’histoire de la migration, de l’identité et de la langue à travers l’art.
L’exposition d’art et d’anthropologie visuelle « Les voyages merveilleux et étranges de Marta Stanisława Sala et Cheong Kin Man» est ouverte jusqu’à samedi au Kunstraum de l’Institut Confucius de Nuremberg et d’Erlangen en Allemagne.
« Les voyages merveilleux et étranges » est la suite de « Un coucou de Copenhague » (Liebesgrüße aus Kopenhagen, du 19 avril au 16 mai 2024), la première exposition organisée par la Maison de Cracovie (Krakauer Haus), qui est la seule représentation de la ville polonaise en dehors de la Pologne.
Ces deux événements sont le fruit du projet d’une double exposition. Ce projet fut coproduit par la ville de Cracovie, la ville de Nuremberg et par l’Institut Confucius, et, réalisé avec le soutien de la Fundação Oriente du Portugal et du Sénat de Berlin.
Le titre « Les voyages merveilleux et étranges » (Wunderliche und merkwürdige Reisen) fait directement référence à la traduction allemande historique (1671) du classique portugais « Les Voyages Advantureux de Fernand Mendez Pinto ». Des dizaines d’œuvres d’art textiles, divers objets issus d’archives familiales et plusieurs films expérimentaux sont exposés dans cette organisation sino-allemande.
Deux voiles latines sont présentées dans la salle principale. Elles font allusion à une caravelle portugaise et elles représentent la suite des histoires racontées dans la première exposition. Dans « Un coucou de Copenhague », les auteurs livrent des récits artistiques et auto-ethnographiques sur l’histoire de la migration, la déconstruction du langage et de l’identité.
Cette présentation artistique permet d’aborder les routes migratoires du duo à travers Macao, la Chine, le Portugal, la Belgique, Singapour, la Suisse, la Pologne, ainsi que leur point de rencontre à Berlin. Dans cette salle est mise en avant une installation composée de milliers de billets de banque rituels chinois fictifs, « ‹ Ostgeld › for Ghosts ».
Devant la caravelle, se trouve un « remake » du film expérimental « Une fiction inutile ». La version, actuellement exposée, a été commandée en 2023 pour le Festival du cinéma contemporain de langue portugaise de la Fondation Fernando Leite Couto du Mozambique. Le film original a été présenté à travers le monde (dans plus de 40 pays).
« Apocalypses », une petite science-fiction sous forme d’installation textile et vidéo, ainsi qu’une publication artistique écrite dans une langue entièrement inventée, occupent toute la deuxième salle. Cette œuvre a été commandée pour la Biennale de Macao et y a représenté Berlin l’année dernière.
Elle constitue également un hommage au sémiologue français Roland Barthes, avec sa célèbre citation « La langue est fasciste ». Lam Sio Man, commanditaire de cette œuvre d’art, était la curatrice du pavillon de Macao à la Biennale de Venise en 2019.
Dans la dernière salle sont exposés plusieurs autres travaux réalisés par Sala en collaboration avec sa soeur, Katarzyna et l’écrivain kurdo-allemand Abdulkadir Musa. « Anarchisme créatif » est le titre de leur projet littéraire et artistique. Il fut également soutenu par le Sénat de Berlin.
Des poèmes en plusieurs langues, dont l’arabe, le kurde ou l’hébreu, ont été mutuellement traduits. Une autre œuvre d’art, une bannière avec un ancien idéogramme chinois géant “無” (le néant) est également une question que le duo posait à Barthes: « Saviez-vous que le premier caractère illustré dans « L’empire des signes » signifie à l’origine « danser »?