mardi, septembre 10

Un tribunal hongkongais condamne deux journalistes prodémocratie pour «sédition»

Le juge Kwok Wai-kin a reconnu coupables deux anciens rédacteurs en chef de Stand News, Chung Pui-kuen et Patrick Kam, de «conspiration en vue de publier et de reproduire des contenus séditieux».

Stand News était un site d’information en ligne gratuit à but non lucratif basé à Hong Kong. Fondé en décembre 2014, il succédait à House News et se concentrait sur des questions sociales et politiques à Hong Kong et adoptait généralement une position éditoriale pro-démocratie.

Dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong, instaurée en 2020, le site Stand News a été perquisitionné par la police de Hong Kong en décembre 2021. Les forces de l’ordre ont alors arrêté des cadres supérieurs et gelé les actifs de l’entreprise. A l’instar d’Apple Daily, Stand News a été contraint de licencier son personnel et de cesser ses activités en 2021.

Lire aussi l’affaire du Apple Daily

Un tribunal de Hong Kong a reconnu coupables le 28 août 2024 de «sédition» deux anciens rédacteurs en chef du site d’information Stand News, ainsi que la société éditrice du site, Best Pencil Limited, qui couvrait favorablement le mouvement pro-démocratie de 2019.

«Je déclare les trois accusés coupables», a déclaré le juge du tribunal de district Wan Chai, Kwok Wai-kin. Ces derniers sont condamnés pour «conspiration en vue de publier et de reproduire des contenus séditieux». Il s’agit de la première condamnation pour «sédition» depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.

«La ligne adoptée (par Stand News) était de soutenir et de promouvoir l’autonomie locale de Hong Kong», a écrit Kwok Wai-kin dans son verdict. «Il est même devenu un outil de diffamation et de dénigrement des autorités centrales (Pékin, ndlr) et du gouvernement de la Région administrative spéciale» de Hong Kong, a-t-il ajouté.

Patrick Kam était âgé de 34 ans au moment de son inculpation. Il n’a pu se présenter à l’audience le 18 août pour des raisons de santé, mais ses avocats ont accepté que le tribunal se prononce en son absence.

Plus de 100 personnes, dont des militants et des journalistes venus couvrir le procès, étaient présentes devant le tribunal. Parmi eux, Lau Yan-hin, ancien salarié de Stand News, a qualifié le procès d’«attaque généralisée» contre les médias.

Des représentants de plusieurs consulats – dont ceux des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Union européenne et de l’Australie – ont assisté à l’audience.

Le délit de «sédition», datant de l’époque coloniale, était tombé en désuétude. Mais depuis la loi de 2020, il est de plus en plus utilisé par la justice de Hong Kong pour sanctionner la dissidence.

Cette décision survient dans un contexte de déclin des libertés de la presse à Hong Kong , qui est passée en 20 ans de la 18ème à la 135ème place au classement de la liberté de la presse publié par l’organisation Reporters sans frontières.

En 2002, année où ce classement avait été publié pour la première fois, le territoire occupait la 18ème position et faisait figure de havre de la liberté d’expression en Asie.

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