L’ancienne assistante du gouverneur de l’État de New York, Linda Sun, est accusée d’avoir «usé de sa position d’influence» parmi les cadres new-yorkais pour «promouvoir clandestinement» les intérêts de la Chine.
Linda Sun, une citoyenne américaine naturalisée de 41 ans née en Chine, travaillait depuis des années pour l’État de New York. Elle a notamment été chef de cabinet adjointe du gouverneur, Kathy Hochul, et assistante de l’administration du prédécesseur de Hochul, le gouverneur Andrew Cuomo, à partir de 2012.
Elle a été arrêtée et accusée d’avoir travaillé comme agente de la Chine en échange de millions de dollars et un train de vie somptueux, ont annoncé le 3 septembre les procureurs fédéraux américains.
Selon les procureurs, Linda Sun a bloqué l’accès de responsables taïwanais à des dirigeants de l’État de New York, cherché à organiser un voyage officiel en Chine pour un haut fonctionnaire new-yorkais et négocié des réunions pour des délégations chinoises en visite.
Elle est accusée d’avoir, en retour, reçu des incitations économiques «substantielles» lui permettant un style de vie grand luxe, des billets pour un orchestre chinois ou encore de célèbres canards salés de Nanjing préparés par le chef cuisinier d’un responsable chinois en visite.
Linda Sun a «usé de sa position d’influence» parmi les cadres new-yorkais pour «promouvoir clandestinement» les intérêts du régime chinois, «menaçant directement la sécurité nationale de notre pays», ont affirmé les procureurs dans un communiqué.
Un fort enrichissement familial
«Ce système illicite a enrichi la famille de l’accusée à hauteur de millions de dollars», a déclaré le procureur Breon Peace dans ce communiqué, sans donner de chiffres exacts. «Son mari Christopher Hu a permis le transfert de millions de dollars de pots-de-vin pour son bénéfice personnel», a-t-il ajouté.
Les procureurs ont estimé que les deux accusés ont acheté une propriété de 4,1 millions de dollars sur Long Island, à New York, un appartement de 2,1 millions de dollars à Hawaï, ainsi qu’une Ferrari flambant neuve.
Selon les procureurs fédéraux, lorsque Linda Sun s’est rendue à Pékin à l’hiver 2018, un homme d’affaires chinois basé aux États-Unis a organisé son voyage pour elle et a réservé une suite présidentielle autrefois utilisée par la première dame Michelle Obama, a révélé CNN.
Un an plus tard, lors d’un deuxième voyage à Pékin, elle a échangé une correspondance avec le même homme d’affaires et a discuté de sa possible participation à un défilé militaire, pour finalement assister à une réception pour célébrer le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.
Tous deux ont plaidé non coupable et ont été libérés sous caution, à condition de ne pas entrer en contact avec une mission diplomatique chinoise.
Alertes déclenchées
Les procureurs fédéraux affirment que Sun a systématiquement empêché les responsables taïwanais d’avoir accès aux responsables de New York, a orienté les messages de manière à ce que Taïwan soit rarement mentionné ou reconnu dans les remarques. Selon CNN, elle s’est réjouie auprès du personnel consulaire chinois de son efficacité à empêcher que les demandes taïwanaises ne soient satisfaites.
Linda Sun a été déférée au bureau de l’inspecteur général de l’État de New York début 2023 après qu’il a été signalé qu’elle avait demandé des proclamations officielles non autorisées au bureau de correspondance du gouverneur, selon l’acte d’accusation de 64 pages.
La demande a déclenché des alarmes car Linda Sun avait précédemment été transférée de la chambre exécutive au ministère du Travail, a déclaré à CNN une source proche du dossier.
Linda Sun avait menti dans un premier temps au bureau de l’inspecteur général, mais a reconnu plus tard qu’elle avait fait des demandes de proclamation à un fonctionnaire du consulat général de Chine à New York et les avait présentées lors d’une célébration du Nouvel An lunaire organisée par le consulat, selon l’acte d’accusation.
Ces proclamations sont purement honorifiques et visent à féliciter celui qui les reçoit. Le ministère du Travail a alors licencié Linda Sun trois mois plus tard à cause de cet incident, selon la source.
Un jour après la mise en accusation de Linda Sun, Kathy Hochul a déclaré lors d’un point presse qu’elle était choquée et furieuse par les révélations, affirmant qu’elle avait confiance dans le processus de vérification des antécédents de son bureau.
Les procureurs fédéraux ont déclaré que Linda Sun avait conspiré et violé la loi sur l’enregistrement des agents étrangers, connue sous le nom de FARA, et l’ont accusée de blanchiment d’argent, de fraude aux visas et de trafic d’étrangers.
Son mari, Christopher Hu, a lui été accusé de complot de blanchiment d’argent et de complot en vue de commettre une fraude bancaire, ainsi que d’utilisation abusive de moyens d’identification.